Méthanisation
« L’agriculture locale préserve la biodiversité »
Symbole de la volonté inébranlable de ses porteurs de projet de faire de l’agriculture autrement, le méthaniseur Métha Val d’Or a été inauguré à Bougé-Chambalud le 27 octobre.
Entré en phase de production le 15 mars 2022, le site de Métha Val d’Or, situé à Bougé-Chambalud, a été inauguré le 27 octobre. Bien accueilli par les élus, des démarches ont tout de même été effectuées pour rassurer chacun sur ce projet ambitieux.
Large consensus
Florian Arnaud, président de la SAS Métha Val d’Or, remonte à la genèse du méthaniseur. « Nous voulions réduire les produits phytosanitaires, contribuer à l’amélioration des sols. » Et ce projet remonte au mois de novembre 2020, lorsque les différents acteurs de sa construction ont ébauché de premiers plans. Métha Val d’Or a par la suite été mis en route en mars 2022. Il précise que les élus locaux ont fait preuve d’un « soutien sans faille, car ils ont perçu un intérêt commun » dans la construction du méthaniseur.
C’est ce que confirme Sébastien André, le maire de Bougé-Chambalud : « notre commune a été associée dès le départ au projet, les élus ont pu visiter le site, ce qui a permis de lever les interrogations de chacun ». Par la suite, une réunion municipale a été organisée afin d’expliquer à un plus large éventail d’élus en quoi consistait le méthaniseur. Enfin, la commune de Bougé-Chambalud a organisé une réunion publique pour « lever les doutes, les inquiétudes des habitants », précise Sébastien André. Cela concernait des interrogations quant à une possible hausse du trafic routier, quant à la source des approvisionnements et aux odeurs. « Et comme nous avons pu le remarquer, il faut savoir que le site est ici pour le trouver, car il se trouve en bout d’allée et est camouflé par les arbres », remarque-t-il.
Yannick Neuder, député de l’Isère, relève quant à lui que les coûts de mise en place de Métha Val d’Or se sont élevés à 4,8 millions d’euros et que la Région a subventionné la SAS à hauteur de 680 000 euros. « Cette initiative permettra aux agriculteurs de diversifier leurs sources de revenu sans tenir compte des aléas climatiques », rappelle-t-il.
Un pas vers l’environnement
Mais en plus de permettre aux agriculteurs de compléter leur activité, Métha Val d’Or est pour les différents intervenants présents une source d’inspiration et un pas important vers l’écologie.
Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, soulève le fait qu’aujourd’hui, dans un contexte dans lequel il est loin d’être évident de mettre en place un méthaniseur, « il fallait oser y aller ». « Un méthaniseur est une source d’équilibre dans la vie des sols et il ne faut pas opposer l’énergie et les métiers liés à l’alimentation, soulève-t-il, car l’agriculture locale préserve la biodiversité ».
Et pour cause, les méthaniseurs sont aujourd’hui à l’origine de la réduction de 2,5 millions de tonnes de CO2 chaque année en France. Depuis sa mise en route, Métha Val d’Or valorise ainsi 10 800 tonnes de matière organique. En clair, il produit 12,5 GWh de gaz vert local, ce qui représente la consommation de 3 125 logements neufs alimentés au gaz ainsi que celle de 50 bus roulant au BioGNV.
Si le gaz vert représente un levier vers l’indépendance énergétique, en France, il ne représente actuellement qu’un réacteur nucléaire. Néanmoins, d’ici 2023, il devrait en représenter deux, puis trois d’ici 2025.
Les méthaniseurs gagnent progressivement du terrain en France – de 0 il y a dix ans, ils sont désormais 500, laissant espérer à l’horizon 2025 une production de gaz verts à hauteur de 10% en Isère.
Chaque année, 2,5 millions de tonnes de CO2 ne sont pas rejetées grâce à l’utilisation de méthaniseurs.
Morgane Poulet
Fonctionnement du méthaniseur
La matière utilisée est tout d’abord stockée dans des silos d’ensilage. Il s’agit de matière organique mais également liquide, comme le lisier et le jus de fruit.
Le méthaniseur est composé de trois cuves : deux digesteurs de 2 200 m3 et un post-digesteur de 2 500 m3.
Ces cuves, composées de béton, sont isolées et chauffées à environ 43 degrés Celsius afin que la matière soit montée en température et brassée. Cela permet de recréer le milieu propice au développement des bactéries.
En fonction de la quantité de gaz produit, une membrane fixée à la toiture augmente plus ou moins de volume, la pression est régulée.
Une pompe fait également circuler la matière dans chacune des cuves.