Santé et sécurité

S'adapter dans tous les domaines

« On n’apporte pas forcément de grands changements, mais plutôt de petites modifications qui peuvent paraître évidentes, mais après tout, il fallait y penser », confie Olivier Giroud, éleveur laitier au Gaec de la Mure et co-dirigeant de l’exploitation. Cette dernière, située à Biol, réalise en effet de nombreuses améliorations au fil du temps pour s’adapter aux besoins des exploitants, mais aussi pour améliorer leurs conditions de travail et la vie des animaux.
 
Respect de la biodiversité
 
« Notre cheptel pâture beaucoup, explique Olivier Giroud. Et pour ne pas trop dénaturer le terrain, nous avons aménagé les parcelles. » Ses bovins ont en effet une parcelle pour la journée, mais aussi une différente pour la nuit, « et ils tournent tous les jours, ce qui permet à l’herbe de repousser plus facilement ». Au printemps, « nous ne donnons plus de nourriture en silo, et comme nos parcelles sont groupées, cela nous permet de faire du pâturage tournant », ajoute-t-il.
Depuis 2018, le Gaec pratique également l’agrosylviculture dans l’objectif de « faire de l’ombre aux troupeaux, mais aussi de faire pousser des essences mellifères » pour la dizaine de ruches présentes dans l’exploitation. « Cela permet de favoriser la biodiversité qui s’installe dans les arbres et autour », précise l’éleveur. Et d’ajouter que le Gaec est en train de creuser certaines parcelles pour y aménager des mares. « Nous réalisons ces travaux avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère », précise-t-il.
La ferme effectue aussi un plan de gestion bocager pour l’entretien de ses haies en compagnie de la Chambre d’agriculture de l’Isère. Il consiste à étudier comment tailler et gérer la pousse et la plantation des haies afin qu’elles se régénèrent au mieux. A terme, l’idée serait pour les exploitants de valoriser les tailles en bois plaquette, mais aussi en litière pour les bovins. « Nous pourrions ainsi faire d’une pierre deux coups et réaliser des économies sur le prix de la paille, qui est assez cher », constate Olivier Giroud. Dans le même temps, le Gaec étudie la possibilité de faire une rotation des haies pour savoir quand les couper au moment le plus opportun. « Ce sera aussi pour nous l’occasion d’apprendre à gérer l’élagage, car cela coûte cher, mais c’est obligatoire », ajoute-t-il.
 
Valorisation des espaces…
 
Le Gaec est constitué de nombreux bâtiments, ce qui épargne aux associés la construction de nouveaux. En revanche, ils sont adaptés en permanence aux besoins ressentis. Pour cela, la plupart du temps, ils sont aménagés, « même si nous avons dû construire une nurserie pour les veaux », constate Olivier Giroud.
Auparavant, les agriculteurs utilisaient une échelle pour accéder à une plateforme située à l’étage d’un bâtiment de rangement. Peu stable, l’outil pouvait devenir d’autant plus dangereux que du matériel était transporté. Qui plus est, « c’était peu pratique parce que la difficulté à monter à l’étage et à y transporter des objets ne nous incitait pas à utiliser toute la place disponible », explique Olivier Giroud.
Désormais, un escalier a été installé. Stable et large, il permet à son utilisateur de passer avec du gros matériel. Une barrière de sécurité détachable au besoin a aussi été installée, de même qu’un garde-corps. Du matériel trop lourd pour être porté peut ainsi être descendu ou monté, « ce qui évite de prendre à la main des objets trop lourds pour le dos et trop imposant pour des escaliers et donc de faire des allers-retours », précise l’agriculteur.
La MSA Alpes du Nord a sensibilisé l’exploitation au sujet des accès en hauteur et l’a aidée à financer les travaux. C’est cette innovation qui a valu au Gaec de recevoir le trophée de la santé et de la sécurité au travail de la part de la mutualité dans le cadre du Prix de l'excellence agricole et rurale (PEAR) organisé par Terre Dauphinoise. La MSA a souhaité souligner les nombreux aménagements effectués pour rendre la ferme plus pratique, mais aussi pour valoriser les bâtiments et le matériel existants ainsi que les zones de stockage. « Nous faisons attention à la sécurité au travail et nous pensons à notre avenir, c’est pourquoi nous voulons réduire et éviter les troubles musculosquelettiques. Aujourd’hui, ça va, mais il faut penser au moment où nous serons plus vieux ! », s’exclame Olivier Giroud.
 
… Et du matériel existant
 
Pour réduire ces risques, les exploitants ont aussi investi dans une nouvelle salle de traite munie de griffes moins lourdes de moitié par rapport aux précédentes. Des cages de contention ont été installées pour parer les vaches.
Enfin, ils ont fait le choix d’investir dans un godet pour distribuer le concentré aux vaches. « Avant, nous donnions tout à la main en nous penchant au-dessus de la brouette, et ce, matin et soir en hiver. Et nourrir les animaux de 200kg par jour, ce n’est pas rien pour le haut du corps ! »

Morgane Poulet