Santé
Le département de l'Isère accentue son soutien à la collecte de sang
Une aide matérielle du Conseil départemental de l'Isère a eu des effets positifs sur la collecte de sang en Isère rhodanienne. Une convention l'étend à l'ensemble du département. Les donneurs de sang bénévoles restent les piliers d'un système aux valeurs humanistes portées par notre pays.
L’équilibre est tout juste maintenu. « C’est parce que les hôpitaux sont en fonctionnement réduit que la demande en produits sanguins est suffisante », explique le docteur Dominique Legrand, directrice régionale de l’Etablissement français du sang (EFS) lors de la signature d’une convention avec le Conseil départemental de l’Isère et avec l’Union départementale pour le don de sang bénévole de l’Isère (UDDSB 38), vendredi 25 novembre.
Expérience étendue
Ce partenariat découle d’une expérience menée depuis deux ans dans le territoire de l’Isère rhodanienne, intitulée « Donner son sang, c’est jouer collectif ». Elle a consisté à sensibiliser les agents des services départementaux du secteur, mais aussi à soutenir des campagnes de communication locales ou faciliter des animations afin de faire revenir les citoyens vers le don de sang. Depuis les premières opérations en 2019, le nombre de donneurs prélevés dans les collectes de ce secteur augmentent ce qui a poussé les trois acteurs, Département, UDDSB et EFS Aura à étendre ce fonctionnement à tout le territoire départemental. Une action totalement soutenue par l’EFS qui constate que depuis la crise Covid et les confinements, « la collecte est devenue une tâche rude. La population ne réagit plus pareil. » « Je m’interroge sur ce repli sur soi, alors qu’une épidémie nous a frappés. Elle devrait augmenter les actions de solidarité », s’étonne Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental, mais aussi ancien professionnel de santé.
Si la convention vise à soutenir la collecte de sang et de ses dérivés, la situation reste cependant flatteuse pour notre région. « C’est une force d’Auvergne-Rhône-Alpes, souligne Dominique Legrand. Nous prélevons 60 000 poches de concentrés de globules rouges que nous fournissons à la France entière après avoir couvert nos besoins locaux. Nous pallions ainsi les déficits de collecte d’autres zones géographiques. »
Autosuffisance nécessaire
La directrice régionale de l’EFS insiste cependant sur la nécessité de conserver une autosuffisance, donc une indépendance nationale en la matière. « Elle est atteinte en produits sanguins labiles, ceux qui sont transfusés directement, les globules rouges, les concentrés de plaquettes et le plasma. » En revanche, « le prélèvement de plasma à destination de la fabrication de médicaments (immunoglobuline, facteurs de coagulation, albumine) va nécessiter une accentuation des efforts », estime Jeanine Barbier, directrice de l’UDDSB 38.
900 000 poches sont collectées en France annuellement pour les laboratoires, ce chiffre va devoir être multiplié par deux d’ici la mise en service d’une nouvelle usine près d’Arras, du LFB (Laboratoire français de fractionnement et de biotechnologie), établissement public créé en 1994. « Pour tous les produits nécessaires, jusqu’à maintenant aucune poche n’a manqué, souligne la directrice départementale, parce que nous avons un maillage de 66 associations de donneurs bénévoles dans le département qui permettent un apport régulier de matière à l’EFS. Sans nous, l’établissement pourrait fonctionner, mais dans de moins bonnes conditions. »
Exploitation sans scrupules
Cette structuration est d’autant plus importante que la France est un des très rares pays où le don de sang est bénévole, anonyme et sans profit. De nombreux laboratoires puissant au niveau mondial « sont moins scrupuleux » et fonctionnent avec une rémunération des donneurs. « Ce sont bien sûr les classes les moins favorisés qui sont ainsi exploités », s’offusque Dominique Legrand, qui insiste que les règles déontologiques sont également bafouées. Alors que notre réglementation interdit les prélèvements de plasma plus de deux fois par mois (tous les quinze jours minimum), les prélèvements rémunérés hors Europe peuvent avoir lieu deux fois par semaine. Les dégâts au niveau physiologiques peuvent se révéler à terme. « Nous devons nous battre pour garder ces valeurs d’altruisme et de solidarité », disent en cœur les deux dirigeantes.
Sang rare
Dernier combat, récent et encore peu connu, la collecte de sang rare. Car non, tous les hommes dans le monde n’ont pas exactement le même sang. Il y a des différences entre continent. Avec le brassage des populations, une part des habitants de notre pays, ne sont pas complètement aptes à recevoir les produits sanguins collectés au sein de notre territoire, d’où préoccupation pour les responsables des collectes de diversifier les donneurs, en âge mais aussi en provenance géographique. La solidarité va devoir progresser encore.
Jean-Marc Emprin
Voir aussi la nouvelle usine d'Arras en video