Elevage
Beaux animaux et belle ambiance au Concours départemental d'élevage de Lans-en-Vercors

Isabelle Brenguier
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Malgré la FCO, les éleveurs isérois se sont rassemblés les 23, 24 et 25 août à Lans-en-Vercors pour le Concours départemental qu’ils organisent minutieusement depuis plus de 18 mois. Une réussite.

Beaux animaux et belle ambiance au Concours départemental d'élevage de Lans-en-Vercors
Les abords du ring du Concours départemental d'élevage organisé à Lans-en-Vercors, les 23, 24 et 25 août n'ont pas désempli.

Epuisés, mais heureux. Emus aussi. Les larmes ne sont pas loin. Les éleveurs du département savourent leur week-end. Bien que depuis un an et demi qu’ils la préparaient, ils avaient tout mis en œuvre pour que l’édition 2024 du Concours départemental d’élevage soit un succès, à quelques jours de son lancement, ce n’était pas gagné.
Avec l’explosion des cas de FCO (Fièvre catarrhale ovine) depuis début août en Isère, la manifestation revient de loin : elle aurait pu être tout simplement annulée. Ce ne fut pas le cas.
D’un commun accord, animés par la même envie, les Eleveurs de l’Isère et les syndicats des races montbéliarde, prim’holstein, villarde, abondance, charolaise et limousine ont décidé de maintenir le concours organisé ces 23, 24 et 25 août à Lans-en-Vercors. En accord avec le GDS (Groupement de défense sanitaire) de l’Isère. Et avec responsabilité. « Nous avons mis en œuvre les solutions qui permettaient de maintenir l’évènement en faisant prendre le moins de risques possibles aux éleveurs. Tous les animaux participants ont dû se faire désinsectiser et ceux qui présentaient des cas cliniques depuis sept jours ont dû rester à la ferme », explique Guillaume Noël-Barron, président des Eleveurs de l’Isère.

« Comme pour tous les concours ou rassemblement d’animaux déclarés, nous avons été associés à l’organisation. Nous avons un règlement sanitaire type que nous adaptons à chaque évènement, à chaque situation, en fonction des épidémies, des réactions des animaux… Celui du départemental, nous l’avons fait évoluer quatre fois, en nous appuyant sur les préconisations des vétérinaires ainsi que les retours des éleveurs quant à l’évolution de la maladie. Nous nous sommes employés à recroiser toutes les informations pour cerner au mieux la réalité de la situation. Mais nous avons toujours soutenu les éleveurs dans leur volonté de maintenir le concours. L’an dernier, le Sommet de l’élevage avait bien eu lieu, alors que la FCO et la MHE (maladie hémorragique épizootique) régnaient », déclare Sébastien Simian, président du GDS.

Un coup d’accélérateur

Si tous les animaux inscrits n’ont pas pu gagner le plateau du Vercors, c’est quand même un moindre mal au regard de l’ampleur de la crise sanitaire en cours. « 400 auraient dû venir. Cela aurait dû être une édition record. Mais nous n’en comptons que 250 », précise Guillaume Noël-Barron.
Le préjudice a été particulièrement lourd pour le concours d’abondances qui devaient renaître lors de cette édition, et qui au lieu de mettre 27 bêtes en compétition, n’a pu en avoir que six. « Cela a un peu été l’hécatombe. C’est une vraie déception. Nous avions mis tellement d’énergie pour recréer ce concours. Nous avons bien conscience aujourd’hui qu’il n’est de concours que de nom. Il n’est pas représentatif de la race. Pour autant, je reste très content d’être ici, de participer à l’évènement. L’organisation est parfaite et je suis convaincu que le travail que nous avons mené va donner un coup d’accélérateur au syndicat, va nous permettre de participer à d’autres évènements », relativise Yohann Segura, éleveur à Succieu, dans les Terres froides, représentant de la race au conseil d’administration des Eleveurs de l’Isère.
Le concours des prim-holstein a lui aussi subi la FCO. « Sur les 80 bêtes inscrites, seule une vingtaine a pu venir. Nous avons sauvé les meubles et tenté le coup. Finalement, je pense que nous offert un joli petit concours. Il y avait de belles vaches », assure Cédric Goy, éleveur à Nantoin, président du syndicat de prim’holstein.

Une autre logistique

L’apparition et le développement de la FCO qui ont empêché la venue de nombreuses bêtes ont été les seules fausses notes de l’édition. Les éleveurs ont apprécié l’organisation du concours faisant état d’un très bon accueil des équipes locales, de conditions d’installation exemplaires pour les bêtes, de magnifiques panoramas, et d’une météo radieuse, en particulier le vendredi et le samedi.
Si la tenue du concours dans le Vercors a nécessité une importante organisation, les éleveurs n’ont pas regretté, même si pour nombre d’entre eux, cela a nécessité un effort plus important, d’autant qu’au lieu d’amener leurs animaux avec des tracteurs et des bétaillères comme ils en ont l’habitude quand l’évènement a lieu dans la plaine, ils ont dû prendre des camions.
« C’était une autre logistique, mais ils ont joué le jeu », insistent d’une même voix Guillaume Noël-Barron, David Rivière, le président des Eleveurs charolais de l’Isère, l’ancien président des Eleveurs de l’Isère, et Sylvain Faure, le président de la station d’élevage du Vercors. « Nous avons même des éleveurs qui participent pour la première fois à un concours », souligne Laurent Michel, le président des éleveurs de limousines.

Les représentants de l’association des Eleveurs reconnaissent qu’après dix années de mise en œuvre, ils commencent à être bien rôdés dans l’organisation de ce concours itinérant, à savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Il n’empêche que, malgré toute l’expérience acquise au fil des éditions, chacune nécessite un important travail pour toutes les personnes impliquées.
Pour que tout soit opérationnel, le concours de Lans-en-Vercors a nécessité pas moins de 17 réunions et d’innombrables appels téléphoniques.
Mais tous assurent qu’il y a eu une très bonne entente entre l’association des Eleveurs, la station d’élevage du Vercors et la mairie de Lans-en-Vercors, ses services techniques et administratifs, et qu’il y a eu un nombre extrêmement important de bénévoles qui ont donné la main.
« Lundi dernier, une centaine d’éleveurs participants au concours est venue aider à installer le site. Même ceux qui ont dû renoncer à cause de la FCO », évoque fièrement Guillaume Noël-Barron.

De générations en générations

Bien qu’ils n’obtiennent aucune récompense financière, ces concours sont très importants pour les éleveurs. Certes, ils leur occasionnent de nombreuses heures de travail, que ce soit pour l’organisation de l’évènement, la préparation, l’acheminement et la surveillance des bêtes.
« Mais nous aimons et nous avons besoin de ces moments de retrouvailles, de partage, de convivialité », souligne David Rivière. Ces manifestions sont aussi une vitrine mettant en valeur les animaux des éleveurs, une reconnaissance de leur travail quotidien, de la progression de leurs vaches qui évoluent d’années en années, de générations en générations, grâce à la génétique.
« La bonne ambiance est toujours au rendez-vous. Ces journées sont une occasion pour nous retrouver entre copains, pour nous amuser », estime Cédric Goy.

Le public a répondu à l’invitation. Dès le vendredi soir, les visiteurs sont venus en nombre voir les bêtes et assister à la traite. Le samedi, et le dimanche de 9h30 le matin à la fin de la journée, les abords du ring n’ont pas désempli. Et quand ils étaient aux côtés de leurs bêtes, les éleveurs n’ont pas cessé de répondre aux questions des passants, curieux, intéressés d’en savoir plus sur les animaux, le métier, la FCO…
« C’est hyper important que l’on ait ces échanges avec le grand public, avec les consommateurs, pour leur montrer ce qu’on fait de mieux. Car, sans eux, notre métier n’a pas de sens », insiste le président des Eleveurs de l’Isère.

Isabelle Brenguier

Photos : Isabelle Brenguier etJean-Marc Emprin

Des élus engagés qui croient en l’agriculture locale
Les responsables politiques ont mis en avant la belle organisation du concours
Politiques

Des élus engagés qui croient en l’agriculture locale

Les responsables ont mis en avant l'organisation du concours et sont revenus sur les enjeux agricoles à venir.

L’inauguration du Concours départemental d’élevage qui a eu lieu à Lans-en-Vercors samedi 24 août, a été l’occasion pour les organisateurs et les politiques de saluer le travail accompli par les éleveurs et les bénévoles, sans qui la fête n’aurait pu avoir lieu. Michaël Kraemer, le maire de Lans-en-Vercors, rêvait d’organiser ce départemental dans la commune depuis dix ans. « Cela ne s’est pas fait tout de suite. Cela a pris du temps. On a commencé par organiser une Fête du bleu. Mais aujourd’hui, nous sommes parvenus à organiser cette fête qui rassemble les deux piliers qui font vivre notre territoire : l’agriculture et le tourisme », explique-t-il.
Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, a souligné la nécessité pour la profession « d’arriver à relever les défis de la transmission des exploitations et du renouvellement des générations. C’est souvent difficile parce que les fermes sont coûteuses et requièrent des capitaux importants. Mais les enjeux vont au-delà. Car derrière les exploitations, il y a d’autres activités et outils économiques. C’est pour cela qu’il faut accompagner ce renouvellement et travailler sur la formation pour installer des agriculteurs qui aient toutes les compétences de chef d’entreprise. Il faut aussi travailler sur les filières, en particulier les filières intermédiaires qui alimentent la restauration hors domicile, de façon à leur donner des perspectives. Et il faut donner aux exploitants les moyens de produire, de protéger le foncier agricole, de gérer l’eau et l’énergie, de protéger la forêt. C’est un travail de collaboration que nous effectuons avec le Département de l’Isère, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et les intercommunalités », précise-t-il.

Privilégier l’élevage local

Le président du Département, Jean-Pierre Barbier, a salué le travail, l’investissement, la passion des éleveurs. S’il concède qu’« aujourd’hui, c’est la fête », il n’oublie pas la crise sanitaire qui sévit et assure que « la collectivité sera aux côtés des éleveurs. Je ne sais pas encore comment, mais nous serons là. Nous allons nous interroger collectivement pour voir comment, avec les collectivités qui ont la compétence agriculture, nous pourrons aider à la restructuration. Et sur le plan sanitaire, il faut que nous ayons une vision globale de la FCO et de l’ensemble des maladies endémiques, que nous sachions où nous en sommes pour chacune en matière de vaccination et de prise en charge. Sur ce sujet également, nous ne pourrons pas y aller seul, il faudra que l’Etat et les autres collectivités soient au rendez-vous », insiste-t-il.
Et il ajoute : « je crois en l’agriculture nationale et départementale sans réserve. Je suis attaché à l’indépendance de notre alimentation. 30 % de la viande consommée en France est importée. Ne ferions-nous pas mieux de cesser ces importations et de privilégier l’élevage local ? Cela limiterait les émissions de gaz à effet de serre ».

IB

FCO / L’Etat doit prendre ses responsabilités

FCO / L’Etat doit prendre ses responsabilités

Bien que les éleveurs isérois se soient attachés à faire bonne figure, l’inquiétude liée à l’épidémie de FCO (Fièvre catarrhale ovine) était bien dans toutes les têtes. Aurélien Clavel, éleveur élu à la Chambre d’agriculture de l’Isère, a profité des discours tenus lors du Concours départemental d’élevage organisé à Lans-en-Vercors le 24 août, pour « demander à l’Etat de prendre ses responsabilités. Le développement de la maladie est fulgurant. Les pertes sont extrêmement importantes. La mortalité des ruminants touchés est de 25 à 30 % chez les ovins adultes et de 10 à 15 % chez les bovins. Vu l’ampleur de la maladie, il faut que l’Etat prenne en charge le financement de la vaccination contre les variants 8, 4 et 3, et qu’il indemnise rapidement les pertes liées à la mortalité, pour permettre aux éleveurs de reconstituer leurs troupeaux. Les indemnités au titre du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental) arriveront bien trop tard pour sauver les élevages », détaille-t-il.

IB

Comme les grands !

Comme les grands !

Le ring leur appartenait. En fin d’après-midi, samedi 24 août, les enfants des éleveurs ont marché dans leurs pas et ont défilé avec des veaux ou des génisses. Très présents aux côtés de leurs parents dans les élevages, ces petits ont l’habitude de s’occuper des animaux. Ils ont fait de même pour l’occasion, les ont lavés, les ont bichonnés, durant tout le week-end. Au moment de monter sur le ring, l’émotion était à son comble, entre stress et impatience. Certains ne voulaient plus y aller, quand d’autres n’en pouvaient plus d’attendre. Au final, ils étaient tous en piste. Clément, 8 ans, Méline, 4 ans, Léa, 9 ans, Valentin 5 ans, et plusieurs autres copains, se sont livrés à l’exercice. Sans ciller devant la foule. La relève est là !

IB