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« La ruralité est un grand espace de liberté »
Cyrille Madinier, président des maires ruraux de l’Isère, qui organise le congrès national de l’AMRF à l’Alpe-d’Huez et présentera la charte départementale de la ruralité.
Est-ce une fierté d’accueillir le congrès de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) les 29, 30 septembre et 1er octobre ?
La dernière fois que le congrès national s’est déroulé en Isère, c’était il y a dix ans. L’Alpe-d’Huez est un bel endroit, qui dispose d’infrastructures et a l’expérience des grandes manifestations. Nous allons prendre de la hauteur ! L’objectif de l’association des maires ruraux de l’Isère était d’accueillir le congrès national en 2023 et de montrer à nos collègues maires la beauté de notre département, un département dynamique qui présente beaucoup de valeur ajoutée. Nous avons choisi L’Alpe-d’Huez pour limiter les déplacements, avoir tout à proximité afin que les congressistes, qui arrivent le vendredi et repartent le dimanche, puissent se concentrer sur les travaux du congrès.
L’Isère présentera sa charte de la ruralité. Quelle est sa portée ?
Nous présenterons la Charte départementale de la ruralité en présence de Jean-Pierre Barbier, président du Département de l’Isère, et Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est un outil opérationnel pour les maires ruraux. Notre objectif est d’en expliquer le contenu au niveau national. C’est la première charte départementale qui est aussi transversale, ce qui est assez novateur. Elle porte une volonté affirmée d’avoir rassemblé un grand nombre d’acteurs pour son écriture. Il s’agit de valoriser la ruralité, expliquer ce qu’il se fait de bien, mais aussi les difficultés comme la mobilité qui reste un point noir. Surtout, il nous est apparu important de valoriser de façon concrète le principal acteur de la ruralité qui est l’agriculture.
Quel est l’esprit de cette charte ?
La ruralité est un grand espace de liberté où chacun peut vivre en fonction de ses choix, mais en acceptant aussi les choix des autres. Par exemple, nous avons des traditions, comme la chasse. Cela concerne les anciens, mais aussi les jeunes qui pratiquent ce loisir et permettent une certaine préservation de la biodiversité. Gérer la pression et les équilibres, nous y travaillons avec la fédération de chasse et la chambre d’agriculture de l’Isère. La charte est une source d’information pour les néoruraux afin qu’ils comprennent la ruralité. La pêche, le pastoralisme, le très haut débit pour tous et bien sûr l’école - primaire et élémentaire - font partie de la vie de nos villages. Une école, c’est aussi important qu’une mairie et une église. La ruralité, c’est un ensemble de choses. La charte permet aux collègues maires qui se l’approprient d’avoir les clés pour éviter les conflits au sein de leurs villages. Elle doit être évolutive et s’adapter aux territoires.
Les élus ont-ils commencé à se l’approprier ?
Elle a été votée le 30 juin dernier. Les maires vont la recevoir et nous allons faire un focus lors du congrès. Puis nous mènerons un travail de promotion et au niveau des intercommunalités. Les solutions ne pourront pas régler tous les problèmes, mais nous essayons d’apporter des réponses. 76 % des communes de l’Isère sont rurales. C’est important.
Et les autres départements ?
C’est le coup d’envoi. Si les autres départements se l’approprient, c’est tant mieux. Plus nous sommes nombreux et plus nous sommes forts. Après le congrès, il faudra engager un travail en profondeur.
Vous sentez-vous soutenus en tant que maires ruraux ?
Le Département est le premier partenaire des communes pour lesquelles il investit beaucoup. Le président Jean-Pierre Barbier et son équipe ont fait le choix clair d’une vice-présidence à la ruralité. Sandrine Martin-Grand, vice-présidente en charge de l’équité territoriale, veille à l’équilibre des soutiens entre l’urbain et le rural. La Région apporte aussi un soutien permanent.
Et l’État ?
Un travail est en train de démarrer. Élisabeth Borne, la Première ministre, sera présente au congrès pour présenter les contours du plan pour la ruralité. C’est une chance. Encore faut-il que les montages de dossiers soient simples. Le préfet et les sous-préfets seront nos relais. Nous avons besoin de disposer d’éléments pour aider les collègues des communes rurales qui n’ont pas de services supports.
Propos recueillis par Isabelle Doucet