Produits fermiers
L’APFI prépare son avenir

Isabelle Brenguier
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Les responsables de l’APFI voient leur fin de carrière se profiler. Ils veulent mettre à profit le temps restant pour assurer la bonne continuité de l’association.

L’APFI prépare son avenir
Différents ateliers ont été organisés pour permettre aux adhérents de réfléchir à l'avenir de l'APFI.

Les questions posées par les responsables de l’APFI (Association des producteurs fermiers de l’Isère) à l’occasion de son assemblée générale le 17 novembre dernier à Plan, étaient directes.

« Dans deux ans, nous serons quatre membres du bureau (sur six) à quitter nos postes de président et de vice-présidents. Comment voyez-vous l’avenir de l’APFI après notre départ ? » ont-ils ainsi interrogé. Sans se censurer, ils sont même allés jusqu’à demander : « Est-ce même nécessaire que l’association perdure ? ».

Car, loin de vouloir laisser arriver cette échéance sans la préparer, les dirigeants jouent dès à présent le jeu de l’anticipation. Ils se posent aujourd’hui de nombreuses questions et ont profité de l’assemblée générale pour associer les adhérents à leurs réflexions. Grâce à différents ateliers, ces derniers se sont prêtés à l’exercice.

Obligation de résultats

Pour la trentaine d’adhérents présents, l’APFI porte de nombreuses valeurs dans lesquelles ils se retrouvent, la solidarité et l’« absence de jugement sur les modèles agricoles en place » en premier lieu.

« C’est une association qui nous soutient, nous conseille et nous forme », ont-ils affirmé. Elle représente aussi un « système d’entraide et un système assurantiel », dans la mesure où elle prend en charge une partie importante des coûts des analyses sanitaires, notamment en production fromagère.

Elle leur assure une « veille dynamique, technique et « digérée » des nombreuses informations qui arrivent d’en haut ». Et elle est perçue comme une « structure syndicale de défense ». Les producteurs apprécient beaucoup ce rôle de combat et de revendication face à une réglementation toujours plus lourde.

« Nous subissons une pression administrative extrêmement forte. Nous devons respecter de nombreuses normes et sommes régulièrement inspectés, sans souplesse, alors que, conformément à la réglementation européenne, l’administration ne devrait être là que pour contrôler une obligation de résultats des producteurs et non de moyens. Évidemment, nous voulons commercialiser des produits sains. Mais il est important pour nous qu’on tienne compte de nos spécificités », a rappelé Frédéric Blanchard, le président de l’APFI.

Forte implication

Quand les responsables évoquent leur volonté de « transmettre l’association, de passer le flambeau », les regards se dirigent spontanément vers les jeunes agriculteurs présents, pour qu’ils s’impliquent au sein du conseil d’administration et qu’ils puissent rejoindre un peu plus tard le bureau en profitant de l’expérience de leurs aînés.

Florian Mollard, producteur de volailles à Four, dans le nord-Isère assure que « des jeunes, il y en a dans les exploitations. Mais il y en a beaucoup qui ont du mal à sortir de chez eux. Et ceux qui sortent sont sur-sollicités ».

Même si deux nouveaux administrateurs se sont récemment engagés dans l’association, il reste difficile de trouver des candidats. Pouvoir se dégager du temps pour sortir de sa ferme et avoir les compétences nécessaires pour mener à bien le rôle de responsable, sont les principaux freins évoqués à un éventuel engagement.

Conscients de la très forte implication de leurs responsables, certains adhérents sont allés jusqu’à exprimer leurs craintes « de ne pas être à la hauteur », tant ils estiment que les dirigeants de l’APFI ont acquis une fine connaissance des dossiers au cours des années. Sandrine Anselmet, conseillère production caprine et fromages fermiers à la chambre d’agriculture de l’Isère, mise à disposition de l’APFI, a reconnu qu’ils étaient quelques-uns à faire tourner l’association. Mais elle l’assure : « Cela ne veut pas dire qu’ils sont irremplaçables ».

De son côté, Frédéric Blanchard s’est montré rassurant.

« Quand j’ai commencé, je ne savais rien. Mais j’ai lu les textes. Et on n’est pas obligé de tout savoir. On profite de l’appui de nos techniciens et au fur et à mesure qu’on travaille, on apprend. Il ne faut pas hésiter à prendre des responsabilités. On fait ce qu’on peut et c’est comme ça qu’on monte en compétences », avance-t-il.

Rester fiers et unis

L’enjeu du renouvellement des membres I’APFI se pose donc comme un défi. Tous les adhérents ont salué le travail et l’intérêt de l’association. Tous aussi ont rejeté en bloc son éventuel arrêt qui aurait – in fine – de lourdes conséquences pour la production fermière iséroise, de l’isolement des producteurs à l’arrêt définitif de la spécificité.

Alors pour le relever, des pistes ont été avancées : impliquer davantage tous les adhérents à travailler sur les dossiers qui les intéressent, prévoir des temps de tuilage et de transmission, organiser des journées techniques, garder l’esprit de convivialité qui règne au sein de l’association… et faire en sorte que les producteurs restent fiers de leurs produits et unis.

La rencontre a révélé que l’association se dirigeait vers une nouvelle ère, mais certainement pas vers sa fin.

Isabelle Brenguier

En bref

L’association a été créé il y a un peu plus de 50 ans au moment de l’apparition de la réglementation européenne sur les produits fermiers. Basée sur des valeurs de solidarité, et d’entraide, elle les accompagne au quotidien dans de nombreux domaines, en particulier sur les questions sanitaires. Depuis ses débuts, elle a beaucoup évolué et s’est professionnalisée, grâce à l’appui de ses techniciens.

IB

Un nouveau numéro pour les emballages
Aux côtés de Sandrine Anselmet, technicienne de la Chambre d'agriculture de l'Isère et Frédéric Blanchard, le président de l'APFI, Gilles Testanière, lui-même conseiller à la chambre d'agriculture, a présenté les obligations qui pèsent sur les producteurs d'emballage.
Réglementation

Un nouveau numéro pour les emballages

En deuxième partie d’assemblée générale de l’APFI, Gilles Testanière, conseiller transformation fermière carnée et végétale à la Chambre d’agriculture de l’Isère, mis à disposition de l’APFI, est revenu sur les obligations qui pèsent sur les producteurs d’emballages.  « Le principe issu du code de l’Environnement, est que tous les producteurs, y compris les producteurs fermiers, sont responsables de leur gestion. C’est-à-dire que, soit ils mettent en place une consigne, soit ils participent à un système de reprise approuvé par l’État, soit ils adhèrent à un organisme de collecte agréé », explique ainsi le technicien.

La nouveauté apparue le 1er janvier dernier est la mise en place d’un Numéro d'identification unique (IDU) attribué par l’Ademe (l’Agence de la transition écologique) permettant de prouver que le producteur respecte bien la réglementation.

Quel que soit l’organisme de collecte (Citeo, Adelphe ou Leko), la contribution que doit payer le producteur est identique. Elle se calcule grâce à l’UVC (Unité vente consommation). Si elle est inférieure à 10 000 par an, le producteur doit s’acquitter d’un montant forfaitaire de 80 euros par an. Entre 10 000 et 500 000, il s’agit d’une déclaration sectorielle. Il doit calculer son montant en multipliant le nombre d’unité par un coût unitaire. Par exemple, dans le cas où un agriculteur produit 12 000 packs de 6 yaourts par an, il doit régler 12 000 x 0,0111, soit 133 euros HT. Ou dans le cas où il produit 20 000 morceaux de viande emballée en packs sous vide, il doit payer 20 000 x 0,0105, soit 210 euros HT.

A noter que les producteurs qui mettent en place des consignes sur leurs emballages sont exemptés de la taxation de ceux qui circulent.

IB