Viticulture
L’incomparable palette de Jour fruit
En seulement trois ans, le salon Jour Fruit de Barraux est devenu un des plus grands événements professionnels des vins de Savoie, d’Isère et de l’Ain.
C’est le salon de tous les paradoxes.
Quand les vignerons savoyards, sous l’impulsion du sommelier Olivier Chéreau, se sont installés à Fort Barraux pour le salon Jour Fruit il y a trois ans, sa trajectoire en a été profondément marquée.
150 visiteurs il y a cinq ans, 1 300 cette année, la manifestation rencontre un succès incontesté auprès des professionnels, cavistes, sommeliers, restaurateurs, agents, importateurs etc.
Le salon professionnel attire de plus en plus de visiteurs.
Invités de marque, les Isérois ont su faire leur place et se sont reconnus dans ce rendez-vous qui intéresse les vignerons de l’authentique.
Olivier Chéreau parle de sincérité dans la démarche des 84 vignerons réunis lundi 24 mars à Fort Barraux.
La philosophie de la manifestation est « de présenter uniquement des vignerons ou des négociants travaillant en respect avec la nature ».
Ils sont en agriculture biologique, en conversion ou autre et « proposent des choses que l’on ne trouve pas ailleurs », indique l’organisateur.
Parce que derrière l’altesse, la jacquère et la mondeuse, des cépages que les Savoyards travaillent désormais pour proposer des vins différents, arrivent dans les flacons des cépages autochtones, marqueurs identitaires de l’Isère.
C’est ce qui fait la singularité de l’événement. « Les gens viennent chercher de l’exclusivité, un message, de la nouveauté », déclare Olivier Chéreau.
Un vrai salon pro
Ainsi, Samuel Delus, viticulteur du domaine de l’Obiou dans le Trièves, présente ses vins en racontant l’histoire de l’onchette, ce cépage qu’il a réussi à sauver et dont il va bientôt (peut-être) obtenir un ou deux plants agréés. La douce noire, la verdesse accompagnent gamay, viognier et pinot gris.
Les vins du Trièves sont aromatiques, originaux et sans excès alcoolique. Des vins d’altitude que les visiteurs de Jour Fruit découvrent, apprennent à connaître.
« Jour Fruit est devenu un salon réputé en seulement trois ans, constate Samuel Delus. C’est un vrai salon de pro avec des visiteurs qui viennent de très loin. »
Seul pour commercialiser son vin, il vient pour la deuxième année. « J’avais eu quelques touches avec des agents l’an passé. Je m’aperçois que les gens connaissent la marque Obiou et reviennent. »
Abondante, la récolte 2022 est proposée à la vente cette année et le vigneron souhaite développer sa clientèle au-delà du réseau de connaissances locales.
Kévin Foucher, du domaine des Crocs blancs à Chapareillan est dans une démarche commerciale similaire. Il reprend peu à peu le domaine de Franck Masson avec une nouvelle identité, visuelle et en bouteille.
Kévin Foucher, du domaine des Crocs blancs.
« Il est important de participer à cet événement qui met en valeur les vins de Savoie », lance-t-il est soulignant « la super organisation et la belle dynamique ».
Il faut dire que dans les trois allées de la grande salle de Fort Barraux, il faut jouer des coudes pour aborder les viticulteurs et déguster les vins. Le domaine souhaite s’orienter vers l’export.
Poursuivant sa stratégie, Kévin Foucher multiplie sa présence dans les salons. « Pour se développer et se faire connaître, il ne faut pas rester chez soi et surtout, entretenir les liens, surtout quand le vignoble n’est pas connu. »
La reconquête de la clientèle de ce vignoble, situé un pied en AOC Savoie et l’autre en vins de l’Isère, va bon train, surtout quand on parle de terroir et d’authenticité.
Patrimoine
Le domaine Dupraz, à Apremont en Savoie, fait partie des pionniers de Jour fruit.
Jérémy Dupraz voit dans cette manifestation, qui parle de patrimoine viticole, un écho à l’action de sauvegarde du patrimoine engagée à Fort Barraux, « un site qui est entouré de vignes », précise-t-il.
Pour faire parler d’eux, les frères Dupraz ont semble-t-il trouvé la bonne formule : une présence dans les manifestations, sur les réseaux soc
Ils ont aussi trouvé le bon ton : « Nous faisons de la qualité sans nous prendre au sérieux. Nous restons accessibles, car nous devons être capables d’expliquer nos vins », insiste Jérémy Dupraz.
Fort du succès de Jour Fruit, Olivier Chéreau songe désormais à organiser une journée dédiée au grand public en plus du salon professionnel.
Isabelle Doucet