Santé animale
Les chaleurs de l'été 2022 posent problème aux animaux d'élevage

Isabelle Brenguier
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Les fortes chaleurs de ce mois de juillet ont de lourdes répercussions sur les animaux. Yannick Blanc et Pierre Gonin, conseillers en élevage, incitent les éleveurs à agir en priorité sur l’abreuvement et l’alimentation des bêtes, ainsi que sur la ventilation des bâtiments.

Les chaleurs de l'été 2022 posent problème aux animaux d'élevage
Équipé d’un appareil spécifique, Yannick Blanc et Pierre Gonin font de nombreuses mesures.

Lorsque les vaches doivent supporter une journée de chaleur, elles y parviennent. Mais quand elles s’enchaînent comme c’est le cas ce mois de juillet avec une intensification marquée depuis le lundi 18, cela devient vite compliqué.

Conseillers en élevage au sein d’Adice (1), Yannick Blanc et Pierre Gonin, parcourent en ce moment les exploitations pour réaliser des diagnostics thermiques (2).
Et si, le constat est implacable - les fortes températures actuelles entraînent d’importantes conséquences pour les bêtes et les élevages - des solutions existent pour les atténuer.

Déficit énergétique

Les effets de la chaleur sur les animaux interviennent dans différents domaines.
Yannick Blanc et Pierre Gonin les énumèrent. « D’abord en termes de productivité des vaches laitières. Nous constatons que cette diminution peut aller jusqu’à cinq litres par jour. Car, pour lutter contre la chaleur et pour éviter de l’accroître encore plus, les bêtes ingèrent moins pour moins ruminer. Et aussi dans les domaines du taux protéique qui peut baisser d’un à trois points, et de la matière grasse. Ainsi, qu’il s’agisse de quantité comme de qualité, ces baisses de résultat vont rapidement se traduire sur les fiches de paye des éleveurs, qui vont de fait, être revues à la baisse aussi. Les performances de reproduction sont également concernées, puisque les taux de réussite à l’insémination sont plus faibles. Nos analyses de lait montrent encore un déficit d’acides gras saturés et d’acide oléique (C181) qui confirment le manque énergétique et l’amaigrissement des animaux. Et comme les bêtes restent davantage debout, nous assistons aussi à plus de boiteries. En fait, c’est l’ensemble des maladies qui touchent les bovins qui sont en surnombre à cause de cet épisode de chaleur », indiquent-ils. 

Fausse bonne idée

S’ajoutant à de nombreuses autres données précédemment acquises, la tournée permet aux deux spécialistes d’affirmer que des bonnes pratiques existent pour limiter les répercussions préjudiciables aux animaux.

La première mesure qui s’impose, concerne l’abreuvement. Si en temps normal, les vaches boivent entre 120 et 140 litres d’eau, en ce moment, leur besoin peut aller jusqu’à 200 litres.
« Aussi, nous préconisons que les éleveurs permettent à chaque vache, un accès à dix centimètres de longueur d’abreuvoir, veillent bien à leur propreté et vérifient régulièrement leur débit », souligne Yannick Blanc.

En matière d’alimentation, ils doivent proposer des rations équilibrées, complétées par un apport en bicarbonate et en sel pour pallier les pertes en sels minéraux dues à la sudation.
Et enfin, au niveau des bâtiments, il est indispensable qu’ils soient ventilés au maximum. Ils doivent être le plus ouverts possible pour favoriser la circulation naturelle de l’air et éviter des niveaux trop élevés de CO2 et d’ammoniac qui accentuent la sensation de mal-être.

« Quand nous conseillons des éleveurs qui construisent un nouveau bâtiment, nous leur recommandons de ne plus mettre de lumière sur les toitures, d’avoir la possibilité d’ouvrir le plus possible les longs pans et de faire largement déborder les toitures pour éviter au soleil de s’infiltrer à l’intérieur », expliquent les deux conseillers.

L’achat de ventilateurs et de brumisateurs peut aussi se révéler efficace. « Mais attention, ce n’est pas une priorité et leur installation ne s’improvise pas. Pour être profitables, ils doivent être en nombre suffisants et posés dans les bons emplacements. Sinon, ils peuvent être une fausse bonne idée et s’avérer contre-productifs », met en garde Yannick Blanc.

Et le technicien d’ajouter : « Si on équipe le bâtiment de brumisateurs, il faut obligatoirement installer aussi des ventilateurs. Car sans eux, l’humidité est accrue et la chaleur ressentie encore plus importante ».

Isabelle Brenguier

(1) Conseil Élevage Ardèche Drôme et Isère

(2) Équipé d’un appareil emprunté à « Eilyps », entreprise de conseil en élevage en Ille-et-Vilaine, Yannick Blanc et Pierre Gonin mesurent la température, l’hygrométrie, la vitesse du vent, les taux d’ammoniac, de CO2, de particules fines.

Isabelle Brenguier