Témoignages
Et maintenant, la scène !

Isabelle Doucet
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Pour clore son projet de recueil de la parole d’agriculteurs et d’agricultrices, le Comité de territoire du Sud-Grésivaudan organise une soirée où des textes seront lus par leurs auteurs.

Et maintenant, la scène !
Valérie Bellemin (à g), assistante sociale à la MSA Alpes du Nord et Lorène Migeat, animatrice du Comité de territoire du Sud-Grésivaudan présentent l'ouvrage Des Voix des champs dont certains textes seront lus sur scène le 6 avril.

C’est l’aboutissement d’un projet « au long cours » commencé en 2019 par le Comité de territoire du Sud-Grésivaudan.
Des voix des champs est un recueil de paroles d’agriculteurs et d’agricultrices, à l’écrit - à travers un ouvrage - et à l’oral, lors de la soirée du 6 avril prochain à Chatte.
Huit exploitants agricoles du secteur, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, ainsi que huit élèves de la MFR de Chatte se sont régulièrement rencontrés pour produire les textes qu’ils liront en public lors de la soirée de restitution.
La sortie de l’ouvrage est concomitante et sera consultable dans les médiathèques.


Soumis à un flot de questions, interrogés par la société sur leur métier, leurs pratiques, leurs motivations, les agriculteurs ont souhaité se raconter et expliquer comment ils vivent et comment ils travaillent.

Mes mains

Les jeunes expriment leur vision de l’avenir tandis que les anciens parlent de leur cheminement. Le quotidien, entre vie privée et vie à la ferme se transforme en jeu de l’oie où chacun peut prendre la mesure des contraintes liée à cette profession devenue méconnue.
Gardien de la mémoire, Joseph a confié ses notes prises quotidiennement durant 40 ans. La sélection de quelques journées est une alternance de faits du quotidien et d’événements exceptionnels.
On parle aussi des produits qui font l’identité du terroir, la noix, le blé, la viande, le lait et l’ouvrage s’achève par un hommage aux mains. « Que serais-je sans toi ? », interroge un travailleur de la terre que ses mains calleuses emplissent de fierté.
C’est bien cette fierté retrouvée qui transpire à travers cet ouvrage, le résultat de plusieurs années de groupes de parole, de questionnement, de libération et d’affirmation.

Estime de soi

Il y a quatre ans, aucun des participants n’aurait songé qu’il monterait un jour sur scène pour parler de lui, de son métier. Mission impossible. C’est pourtant ce qui va se produire le 6 avril.
Un certain nombre d’entre eux liront leurs textes à voix haute sur scène. « Une lecture devant le public, sans être professionnel, c’est un sacré parcours entre le début du projet et ce qu’ils vont donner à voir de ce travail », assure Valérie Bellemin, assistante sociale à la MSA Alpes du Nord, membre du CTSG, qui a participé au projet depuis son lancement.
Elle souligne « la force du collectif » qui a permis à chacun et chacune de suivre sa trajectoire, portés par le groupe.
Cette aptitude à monter sur scène en dit long sur l’estime de soi, en qualité d’agriculteur ou d’agricultrice, que ces grands témoins ont reconquise.
Car c’est toute la finesse du CTSG qui a su « faire appel au champ artistique et culturel pour pouvoir toucher le grand public au-delà des préjugés qui peuvent exister sur l’agriculture », considère Michaël Sabatier, le président du CTSG.

Une vidéo, des lectures

La soirée du 6 avril sera orchestrée en deux parties. Les élèves de la MFR de Chatte ont en effet préparé un micro-trottoir où ils sont allés à la rencontre des consommateurs et les ont interrogés sur l’image qu’ils ont de l’agriculture et leurs préjugés.
Ce web documentaire sera aussi à retrouver sur le site du CTSG. En deuxième partie, place à la lecture : une parole rare, des textes simples ou poétiques, toujours vibrants, lus par ceux qui pratiquent un métier devenu méconnu.
« C’est un travail pédagogique de longue haleine, qu’il faut entretenir », reprend Valérie Bellemin. À l’issue du spectacle un nouveau questionnaire distribué au public permettra de recueillir le matériau pour construire un nouveau projet.

« Des voix des champs », le 6 avril à 20 heures à la salle Collenot à Chatte.

Isabelle Doucet

Les agriculteurs ont la fibre artistique

Une pièce de théâtre, des planches BD et maintenant un livre : le Comité de territoire du Sud-Grésivaudan, en partenariat avec la MSA Alpes du Nord, conduit depuis 2019 ce projet de création illustrée du métier d’agriculteur appelé Des voix des champs.
Les premiers groupes de parole et ateliers d’écriture, composés d’agricultrices, d’agriculteurs et d’élèves de la MFR de Chatte, ont donné naissance au spectacle de théâtre Les Savoureuses confidences joué en 2021.
La création répondait au souhait des agriculteurs du secteur d’inviter un public plus large à partager leurs réflexions dans un contexte où ils se sentaient souvent mis à l’index.
Pour aller plus loin, la parole s’est transformée en huit planches de bande dessinée illustrées par Nicolas Julo, sorties fin 2021.


Trois nouveaux ateliers d’écritures, toujours composés d’actifs, de retraités et d’étudiants, animés par Aude Fabulet, avaient pour ambition d’éditer un album. C’est chose faite avec ce recueil de nouveaux textes illustrés par Nicolas Julo, Lucile Lux, Pablo Vasquez et Flore Hennoque. Le recueil reprend également les bandes dessinées.
Valérie Bellemin, assistante sociale à la MSA Alpes du Nord, rappelle que le CTSG s’inscrit de longue date dans un esprit d’ouverture du monde agricole. Dès 2017, l’exposition « Double je », avaient mis en photo des portraits d’agricultrices et de femmes. La Fête des voisins de parcelle participe de cette même volonté « d’aplanir les tensions et les appréhensions ».
Après Des Voix des champs, le comité continuera de retisser ce lien qui unit les gens qui vivent dans les territoires.
ID