Alimentation
Constituer un écosystème isérois

Morgane Poulet
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A l’occasion de son assemblée générale, le Pôle agroalimentaire de l’Isère a expliqué vouloir miser sur le côté local de la marque Ishere pour étendre son pôle de commercialisation.

Constituer un écosystème isérois
Geoffrey Lafosse, directeur du Pôle agroalimentaire de l'Isère, a animé l'assemblée générale, ce 28 juin.

« Il n’y a pas de véritable sentiment d’appartenance en Isère qui constitue avant tout un lieu de passage pour rejoindre le nord ou le sud. Il fallait donc créer ce sentiment avec la marque IsHere », a annoncé Pascal Denolly, au cours de sa dernière présidence de l’assemblée générale* du Pôle agroalimentaire (PAA) de l’Isère à Beaucroissant, le 28 juin qui n’oublie pas la dimension économique du projet. .
D’autant plus qu’en grande distribution, le poids des marques locales n’est pas le même dans tous les départements. Il est lié à une identité locale plus ou moins forte. En France, 2,2 % du chiffre d’affaires de la grande distribution est réalisé par l’achat de produits locaux. En Isère, il est de 2,6 %, mais dans des régions avec une identité culturelle forte et un lien important entre la production agricole et le tissu de TPE-PME agroalimentaires locales, ce chiffre est beaucoup plus éloquent : 4 % dans les Savoie et 8 % en Alsace, en Bretagne et dans le Pays basque.

Valoriser la provenance

Pour créer une image iséroise qui passerait par des produits du terroir, le PAA souhaite davantage communiquer sur l’aspect local des produits qu’il met à la vente. Tout cela dans l’objectif final de permettre aux agriculteurs isérois engagés dans une démarche vertueuse et responsable de vivre de leur travail.
« C’est pourquoi nous voulons accélérer les choses en matière de communication », explique Geoffrey Lafosse, directeur du PAA. La stratégie de communication de l’association a été revue en 2021 puis, en 2022, a été dotée d’outils adéquats. Mais c’est véritablement cette année que le PAA renforce cette démarche, avec notamment la création d’un partenariat entre TéléGrenoble et le Fantin Latour. « Au cours d’émissions de 6 à 7 minutes, le chef du restaurant, Stéphane Froideveaux, proposera une recette avec des produits locaux et IsHere. Tournées dans des lieux emblématiques du département, ces séquences seront introduites par des portraits de producteurs de 45 secondes proposés par le PAA », précise-t-il, pour donner une dimension humaine et locale à la marque ainsi qu’un ancrage territorial.

Comprendre l’origine

Il est d’autant plus important de montrer aux consommateurs que le produit est bel et bien issu d’une production locale car cela « leur permet d’imaginer plus concrètement comment le produit est transformé et cultivé », explique Carolina Werle, de Grenoble école de management. Le label « local » aurait un effet positif sur les consommateurs, qui percevraient les produits concernés comme étant plus sains, meilleurs au goût, plus respectueux de l’environnement et permettant de mieux soutenir économiquement les producteurs. En règle générale, les consommateurs ont une « intention d’achat plus élevée pour les produits locaux » que pour les produits nationaux ou importés, explique-t-elle.
L’emballage permet également « de sortir du lot » car il est un moyen de véhiculer un message clair sur la provenance du produit, qui, par ailleurs, doit être identifié « grâce à un une identification simple, facilement compréhensible et visible ».
Pour Mickael Ethève, consultant à Ceresco, « le PAA est déjà engagé dans une démarche de packaging commun et il faut désormais insister sur récit d’un territoire, l’histoire entrepreneuriale, l’artisanat autour des produits ».

Implantation stratégique

Pour contribuer à augmenter le nombre de ventes de produits locaux, le PAA compte se positionner dans des zones touristiques : les stations de ski. En l’occurrence, aux Deux Alpes, à l’Alpe d’Huez, à Chamrousse et dans le Vercors. « Nous ne voulons pas cibler toutes les stations mais plutôt celles où la densité est suffisante », précise Geoffrey Lafosse.
Il s’agit également de développer le commerce de proximité dans le Grésivaudan, dans le pays voironnais et dans le territoire de la Communauté d’agglomérations Porte de l’Isère (Capi). Pour abonder en ce sens, l’association compte investir davantage dans des meubles mettant en valeur les produits dans les magasins, car selon le directeur, « il est très difficile d’émerger dans les magasins alimentaires. Même lorsque l’on a des références, nous ne sommes pas assez visibles ».
Pour Mickaël Ethève, « le local est la promesse d’un client universel, dans le sens où en achetant local, le consommateur souhaite soutenir les producteurs locaux et avoir une certaine traçabilité, de même que de la confiance ». Il salue la volonté du PAA de mener une « stratégie commerciale de site », c’est-à-dire de la vente dans diverses enseignes du territoire pour se rapprocher des consommateurs. Car pour réussir à développer l’offre de produits locaux, il faut pour lui « décentraliser les fonctions d’achat des grands distributeurs ».

Amélioration du système logistique

Depuis avril 2022, le fonctionnement commercial du PAA a évolué pour « aller encore plus loin et pour apporter plus de services aux magasins et aux producteurs », explique Geoffrey Lafosse. Les prises de commande ont ainsi été centralisées, de même que la commercialisation et la livraison, grâce, notamment, au box situé dans le Marché d’intérêt national (MIN) de Grenoble.
Cela permet à l’association de rendre un service de proximité et de développer son commerce en ligne. Ces réseaux de distribution, en particulier l’e-commerce, permettent de capter des clients qui ne sont plus forcément isérois mais qui souhaitent goûter des produits du terroir ou en offrir.
Quoi qu’il en soit, « il faut que nos produits aient du goût, car le traiteur, le restaurateur, le consommateur veulent un produit qui soit bon, qui ne soit pas aseptisé. Un produit sain est un produit qui a du goût, a martelé Pascal Denolly. C’est ce qui a été démontré avec le concours du goût " Nos grands produits IsHere ". »

Morgane Poulet
Une organisation rodée
Laure Mathieu a fait une démonstration de mesure du taux d'humidité des noix aux visiteurs.
Nuciculture

Une organisation rodée

A la suite de l’assemblée générale du Pôle agroalimentaire de l’Isère, Christian et Laure Mathieu, co-gérants du Gaec des Ferrières, à L’Albenc, et adhérents de la marque Ishere, ont ouvert les portes de leur entreprise nucicole familiale aux visiteurs. 

A la suite de l’assemblée générale du PAA, le 28 juin, Christian et Laure Mathieu ont ouvert aux visiteurs les portes de leur exploitation nucicole, dont les produits font partie de l’AOP noix de Grenoble. Adhérent à la marque IsHere, le Gaec des Ferrières, qui se situe à L’Albenc, comprend 60 hectares de vergers.
Quatrième génération à exploiter ces terres, Laure Mathieu s’est installée en 2022 aux côtés de son père pour faire vivre l’exploitation qui, au fil des ans, a évolué pour améliorer la qualité de sa production.

Différentes étapes

La culture de la noix comprend plusieurs étapes, aussi primordiales les unes que les autres. Dans un premier temps, les noyers sont secoués pour faire tomber les noix au sol. Elles sont ensuite récupérées par une ramasseuse. « Nous en avons deux, dont une de secours, car s’il y a un problème avec la première, il faut toujours pouvoir ramasser rapidement les noix, car en quatre jours au sol, elles commencent déjà à noircir », explique Christian Mathieu.
Les noix sont ensuite lavées dans une laveuse à brosse. « Le brou de noix contient du phénol, qui, en se dégradant, enlève l’oxygène contenu dans l’eau, ce qui peut avoir des conséquences sur les poissons, précise le cogérant. Pour éviter cela, nous traitons l’eau. Nous sommes certifiés Global Gap ce qui impose une analyse de l’eau chaque année. Et il ne faut pas oublier que le volume que nous captons est restitué au territoire et que les noyers apportent de la fraîcheur. »
Les noix sont ensuite envoyées dans un séchoir en béton construit par Christian Mathieu. Il comporte quatre étages pouvant porter chacun 1 500 kg. En une heure, les noix sont séchées.
Leur taux d’humidité est ensuite mesuré car pour être certifiées noix de Grenoble, il ne doit pas dépasser 12 %.
Après la phase de calibrage, la phase de triage. « Les noix cassées seront transformées en chouchous ou en huile, les noix noires et les coquilles iront dans les champs pour les oiseaux », explicite Laure Mathieu.
Et d’ajouter que la quantité de noix produite par an est très variable, « nous en avons eu 140 tonnes l’an dernier en raison du climat favorable, mais en 2021, nous n’étions qu’à 70 tonnes ».

Résultat du concours " Nos grands produits IsHere "

Miel de montagne et d’acacia :
Miel de montagne – Duffort apiculture (médaille d’or)
Miel de Chartreuse – L’affleure de vie (médaille d’argent)
Miel de montagne – L’arbre à miel (médaille de bronze)
Pain d’épices :
L’arbre à miel (médaille d’or)
 
Pâté de campagnes et autres préparations à base de porc :
Caillette épinards – Motte viandes (médaille d’or)
Rillettes – SCEA Brun (médaille d’argent)
Pâté de foie – Ferme Rossat (médaille de bronze)
Terrine autre que porc :
Terrine de volaille citron-gingembre – Ferme du Haut Trièves (médaille d’or)
 
Noix caramélisées :
Gaec Les 13 fontaines (médaille d’or)
Gaec du Rocher (médaille d’argent)
Les Petits fruits de Steph (médaille de bronze)
Noix salées :
Noix herbes de Provence – Gaec des Ferrières (médaille d’or)
Noix à l’ail des ours – Gaec Les 13 fontaines (médaille d’argent)
Noix herbes de Provence – Les Petits fruits de Steph (médaille de bronze)
Produits sucrés à base de noix :
Financier aux noix – LGD pâtisserie (médaille d’or)
La dauphinoise – Les Goûters d’Eleanore (médaille d’argent)
Confiture de noix – Les Petits fruits de Steph (médaille de bronze)
Huile de noix :
Gaec du Rocher (médaille d’or)
Coq2noix (médaille d’argent)
Ferme du Sozéa (médaille de bronze)
 
Confiture de fruits rouges :
Confiture de fraises – Fruits du Val qui rit (médaille d’or)
Confiture de framboises – Cueillette des sommets (médaille d’argent)
Confiture de framboises – Clos de Martin (médaille de bronze)
Jus et nectars de fruits :
Nectar de fraise – Fruits du Val qui rit (médaille d’or)
Nectar d’abricot - Fruits du Val qui rit (médaille d’argent)
Jus de pomme filtré - Fruits du Val qui rit (médaille de bronze)
 
Fromage lactique de vache :
Fromage sec – Ferme du Sozéa (médaille d’or)
Fromage pur chèvre 5-8j :
Chèvrerie de la Gabote (médaille d’or)
Fromage pur chèvre 15-21j :
Chevrette du Chatelard – Laiterie du Chatelard (médaille d’or)
Tomme pur vache :
Tommette du Chatelard – Laiterie du Chatelard (médaille d’or)
Yaourt de vache aux fruits :
Yaourt fraise – Laiterie du mont Aiguille (médaille d’or)
Yaourt myrtille - Laiterie du mont Aiguille (médaille d’argent)
Yaourt abricot - Laiterie du mont Aiguille (médaille de bronze)
Yaourt nature de vache :
Ferme du Sozéa
 
Bières :
Barbe blonde – Gaec des Terres froides (médaille d’or)
Strong IPA – Brasserie des Brau / Cascade – Gaec des Terres froides (médailles d’argent)
Bière de printemps – Thetys / Strange IPA - Brasserie des Brau (médailles de bronze)
 
Biscuits :
Fleur de noyer – Biscuiterie de Villard-de-Lans (médaille d’or)
Sablés aux noix caramélisées – Biscuiterie Louvat (médaille d’argent)
Sablés au gingembre – L’Île du daily cieux (médaille de bronze)