Communication
Des voix des champs sur scène

Isabelle Brenguier
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La soirée de présentation des actions du Comité de territoire du Sud-Grésivaudan a eu lieu le 6 avril à Chatte. Un succès. 

Des voix des champs sur scène
Aux côtés de Valérie Bellemin et Aude Fabulet, l’assistante sociale à la MSA et l’animatrice d’ateliers d’écriture qui les ont accompagnés durant la préparation de ce projet de recueil de paroles, Marianne Mounier-Vehier, Corinne Nirat, Joseph Gamet et Jean-Pierre Détroyat saluent le public

« Super ! », « Génial ! », « Épatant ! ». Tels étaient les mots que l’on pouvait entendre le 6 avril à Chatte, lors de la soirée de présentation des projets autour de l’image du métier d’agriculteur, organisée par le CTSG(1), en partenariat avec la Chambre d'agricxulture de l'Isère et la MSA Alpes du Nord. En plus d’offrir des applaudissements nourris, les spectateurs présents ont fait fuser les commentaires élogieux lorsque le rideau de la salle Collenot s’est refermé.

Quelques minutes avant, sur la scène, aux côtés de Valérie Bellemin et d'Aude Fabulet, l’assistante sociale à la MSA et l’animatrice d’ateliers d’écriture qui les ont accompagnés durant la préparation de ce projet de recueil de paroles, Marianne Mounier-Vehier, Corinne Nirat, Joseph Gamet et Jean-Pierre Détroyat saluent le public.

Ils ont les yeux qui brillent et un large sourire éclaire leurs visages. Ils ont relevé le challenge. Après avoir des mois durant, participé à des échanges pour parler de leur métier d’agriculteur, s’être prêtés à l’exercice de l’écriture, ils se sont retrouvés sur scène pour lire leurs travaux :  les textes qui composent Des voix des champs, un ouvrage de recueil de paroles d’exploitants qui vient d’être publié.

Partager leur vie et leur quotidien

Quand ils ont commencé à participer à ces ateliers dans le cadre d’un projet visant à davantage communiquer avec le grand public, aucun d’entre eux n’aurait imaginé que cela les conduirait sur cette scène, si loin de leur quotidien de nuciculteur ou d’éleveur. Et pourtant. Ils se sont pris au jeu et ont brillamment relevé le défi. Leurs voix n’ont pas tremblé. Ils se sont livrés avec honnêteté, avec pudeur, avec humour aussi, et ont partagé leur vie et leur quotidien.

Les textes qu’ils ont lus composaient un mélange choisi entre des poèmes et des histoires mettant en scène leurs journées, plus que bien remplies, entre les soins qu’ils donnent à leurs animaux, à leurs cultures, les produits qu’ils fabriquent, et toutes les mille autres tâches qu’ils accomplissent encore en plus chaque jour, en étant aussi parents ou élus. Comme l’a indiqué Valérie Bellemin, « ils y ont mis le fond et la forme. Leur prestation était très réussie ».

Éviter les conflits

Les quatre exploitants ont pris beaucoup de plaisir à participer à ce projet. « C’était très agréable. On s’est surpris nous-mêmes. Mais c’était important pour nous de parler de notre métier. J’élève des chèvres et je transforme des fromages. Les gens croient souvent que les cabris, c’est tout beau, tout mignon. Mais ce n’est pas tous les jours tout rose. C’est un métier passion, intéressant, mais aussi prenant et épuisant », explique Corinne Nigrat.

Jean-Pierre Détroyat est éleveur de vaches, producteur de noix et élu. Cela lui tenait à cœur d’aller au bout de ce projet qui lui a donné l’occasion de parler de façon réaliste et positive de son métier, de faire sauter des préjugés que les personnes qui ne connaissent pas bien le monde agricole portent à l’agriculture. « Nous devons nous parler et nous écouter, renouer le dialogue entre agriculteurs et citoyens pour éviter les conflits. Ils n’apportent rien ». A personne, fait-il remarquer.

Nombreux préjugés

En première partie de soirée, les élèves de BTS à la MFR de Chatte ont présenté leur projet de web documentaire qui, sous la forme d’un micro-trottoir, donnait la parole aux citoyens du Sud-Grésivaudan. Les questionnant sur les produits de qualité, le bien-être animal, la place des femmes en agriculture et la passion du métier, les élèves ont montré que l’agriculture souffrait encore de nombreux préjugés et d’une grande méconnaissance.

Mais, enthousiastes, ils ont considéré que ce projet leur avait beaucoup apporté. Entre autres, il leur a donné la possibilité « de surmonter leur timidité, de connaître les moyens de communication, d’apprendre les techniques d’interviews, de parler devant la caméra, de prendre le temps d’expliquer… » A l’issue des travaux, Philippe Agier, le directeur de la MFR, a constaté une montée en compétences de ses élèves et un important gain de maturité.

Isabelle Brenguier

(1) Comité de territoire du Sud-Grésivaudan