Santé
Rester en forme avec Parkinson

Isabelle Doucet
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En Nord-Isère, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent pratiquer des activités de loisir et sportives aux bénéfices multiples.

Rester en forme avec Parkinson
L'activité chorale a débuté en septembre dernier.

« Des ateliers pour se sentir mieux ». C’est ce que propose l’antenne Nord-Isère du comité départemental France Parkinson, pilotée par Roger Deluermoz.
Activité physique adaptée, tennis de table, et plus récemment le chant, sont parmi les différentes animations auxquelles peuvent participer les personnes atteintes par cette maladie chronique.
« C’est la première fois que nous organisons une grande journée pour présenter les ateliers », explique le responsable, l’ensemble du comité étant mobilisé à Bourgoin-Jallieu, le 17 mai dernier, pour la journée mondiale Parkinson.
Elle s'est déclinée dans chaque comité durant tout le mois de mai.


L’Antenne Nord-Isère existe depuis 10 ans. Au-delà des permanences d’information et de l’aide aux démarches, elle a mis en place des ateliers.
L’activité physique adaptée existe depuis le début, le tennis de table depuis 2022 et le chant, depuis cette année.
« Les gens sont demandeurs. Cela leur permet de sortir, de rencontrer des gens intéressants », ajoute le responsable.
Atteint de la maladie de Parkinson lui-même depuis 10 ans, il vient de se mettre au chant choral dont il fait valoir les mérites thérapeutiques et sociaux : travail sur le souffle, confiance en soi, sortie de l’isolement etc.
Roger Deluermoz parle de l’épreuve communément partagée par l’ensemble des malades, qui est celle du regard des autres.
« Lorsque l’on titube, on nous traite d’ivrogne, de clochard. »
Il ajoute : « Quand je retire de l’argent, c’est le pire. » Pour pallier cette lenteur et faire patienter, il a une formule magique : « Je suis Dauphinois, j’ai du mal à payer ! »
L’humour comme clé de tous les maux.

Rompre l’isolement

« Nous visons tous le même but et partageons le même élan », assure Sophie Robin, cheffe de chœur et musicothérapeute en présentant l’atelier qu’elle anime.
Ces activités sont complémentaires de la prise en charge médicale et rééducative et apportent de nombreux bienfaits, tant sur le plan moteur que cognitifs ou sociaux.
« Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les personnes ont le sentiment de ne plus être seules dans leur coin. »
Preuve à l’appui d’un bonheur partagé, les 22 choristes ont proposé avec énormément d’aisance quelques pièces de leur répertoire, en présence d’un public très nombreux.
Car la musicothérapie participe à la baisse du ressenti de la douleur, de la tension artérielle, des effets secondaires des traitements, libère l’endorphine et favorise « l’évolution physique et psychique » des malades.


La musicothérapeute invite ses élèves à considérer la pratique de « la musique et du chant comme un moyen et non comme une fin ».
Elle témoigne : « J’ai vu des gens qui au bout de deux ans réexistaient socialement. C’est une activité déclencheuse d’ouverture sur le monde ».
Les échauffements sont autant d’exercices de désinhibition. « La voix et les personnalités s’affirment. Il y a de la bienveillance les uns envers les autres. »


Dans « une approche globale », la thérapeute travaille en « stimulant les domaines déficitaires atteints par la maladie » afin de « retarder les modifications motrices et cognitives » qui touchent la déglutition, la parole, la respiration, l’expression du visage, les émotions.
« C’est un lieu doux et joyeux où l’on se construit ensemble, chacun à sa place », conclut-elle avant de faire vibrer le chœur.

Prendre du plaisir

Autre moyen de relancer la dopamine, l’activité physique adaptée « conjugue plaisir et efficacité », lance Svetlana Morozova, coach experte en forme et santé.
« Après la phase d’acceptation de la maladie », elle recommande de « se relancer dans une activité - du sport ou créative -, de prendre du plaisir et de ne pas s’isoler ».
Les exercices qu’elle propose « sollicitent le corps dans tous les domaines ».
Là aussi, les séances débutent par des échauffements. « On sollicite les articulations, on joue avec les équilibres, cela demande beaucoup d’efforts ».


Rester en forme permet de ralentir la progression de la maladie. Les objectifs des exercices sont la coordination, la souplesse, l’habilité, la motricité, la meilleure connaissance de son corps.
Dès l’issue de la séance, les pratiquants reconnaissent de meilleures sensations et l’effort devient ludique. « On oublie la maladie ». La régularité de la pratique est le seul gage de résultats.

Déplacements, équilibre

Et pourquoi ne pas s’essayer au tennis de table ?
Le club de Bourgoin est lui aussi affilié France Parkinson. Son entraîneur, Frédéric Boulard, vante « une activité non-violente, ludique et accessible à tous ».
Smash, poussette, flips : nulle appréhension à avoir, le ping-pong est une « activité adaptée et adaptable » qui, décontextualisée, devient ludique tout en mobilisant tous les axes moteurs. L’entraîneur décline sportivement les gestes du quotidien. Les déplacements dans la rue sont par exemple appréhendés avec des exercices techniques qui requièrent habileté, concentration, coordination, équilibre, précision, qui mobilisent la vision centrale et périphérique.
« Quand la coordination est maîtrisée, on revient vers la table et le jeu prend toute sa place », explique Frédéric Boulard.
La pratique du tennis de table a son lot de bienfaits moteurs, mais aussi de bienfaits sociaux quand il permet de « sortir de la sédentarité, de communiquer avec d’autres personnes ».
Quant aux bienfaits cognitifs, le ping-pong agit sur la motricité fine, la prise d’informations ou encore la concentration.


« Je ne suis pas là pour soigner la maladie, mais pour apporter un mieux-être », déclare le coach. Sa présentation est illustrée de quelques témoignages de pratiquants qui disent leurs gains en termes de déplacements, de précision, d’équilibre de concentration.
« Il y a des clubs, des personnes, des associations qui ont envie de travailler avec des gens qui ont la maladie de Parkinson. Nous sommes là pour vous », insiste Frédéric Boulard.
Tous les renseignements sont sur le site de France Parkinson.
Isabelle Doucet


La journée a réuni plus d'une centaine de personnes.

La maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson touche plus de 200 000 personnes en France.
C’est une maladie neurologique chronique affectant surtout le contrôle des mouvements. Elle ne se guérit pas, mais des traitements existent.
Sa cause précise n’a pas été découverte, mais cette maladie est due à un déficit de dopamine.
Les symptômes moteurs sont les plus fréquents : lenteur du mouvement, raideur et rigidité musculaires, tremblement au repos. D’autres symptômes sont la fatigabilité, la douleur, la dépression, la constipation ou encore des problèmes de communication. Les symptômes varient d’un individu à l’autre.
(Source : France Parkinson)