Nuciculture
Restructuration des vergers : un choix de tailles

La remise en état des vergers de noyer après les aléas climatiques de 2019 suscite pas mal d'interrogations chez les producteurs de noix. La chambre d'agriculture et AgriEmploi38 ont organisé une journée de formation technique fin décembre afin de les aider dans leurs prises de décision.
Restructuration des vergers : un choix de tailles

Après les aléas que les noyeraies ont connus ces six derniers mois, la remise en état des vergers relève du travail d'orfèvre. Il n'y a pas de recette : chaque situation est unique et nécessite une conduite adaptée, prévient le conseiller en production de noix de la chambre d'agriculture de l'Isère. Et Ghislain Bouvet ajoute : « Quand on a des noyers à terre, il ne faut pas réfléchir arbre par arbre, mais penser le verger dans sa globalité. » C'est en tout cas le message qu'il a fait passer lors de la formation sur la taille de restructuration qui s'est déroulée le 23 décembre à Chatte.

Arracher ou redresser ?

La matinée a commencé avec le rappel de quelques grands principes sur la conduite à tenir. Première question à se poser : arracher ou redresser l'arbre à terre ? La décision doit être prise en fonction de plusieurs critères, à commencer par l'âge des arbres et l'état du système racinaire. Il faut également prendre en compte le pourcentage d'arbres arrachés dans la parcelle. « Plus l'âge de l'arbre est avancé, plus la reprise est compromise : en dessous de 20 ans, on peut relever le noyer. Au-delà de 30, il vaut mieux le remplacer », précise Ghislain Bouvet. Même consigne lorsque le système racinaire est très abîmé : « Si les dégâts sont importants, il est préférable de remplacer l'arbre. »

Une quinzaine de participants ont assisté à la formation sur la taille de restructuration des vergers de noyers, copilotée par la chambre d'agriculture et AgriEmploi38.Après la formation en salle, travaux pratiques sur l'Earl de Juillet, à Saint-Romans.

Les arbres destinés à être relevés devront être couronnés au sol. « On peut couronner long l'hiver, mais court l'été, car le système racinaire est sollicité », conseille le technicien de la chambre d'agriculture. Une fois ce travail terminé, il est recommandé de creuser le côté opposé à celui où l'arbre est tombé, de façon à ne pas plus endommager le système racinaire au moment du redressage. « Si possible, couper proprement les racines, comme pour une plantation », préconise Ghislain Bouvet.

Pour une bonne compréhension des situations, voir aussi "Dégâts : arracher ou redresser", reportage photos, en cliquant ici

Amarrage des arbres

Une fois le noyer relevé, trois solutions s'offrent pour le maintenir en place : le piquet, la cale ou le câble. Les deux premières sont simples à mettre en œuvre. Encore faut-il penser aux travaux mécanisés qui vont suivre avant de les installer. « Pensez notamment au passage des machines au moment de l'entretien du rang ou du secouage, avertit le spécialiste. Pour ceux qui sont en tonte, ça se gère. Pour ceux qui secouent, rappelez-vous que vous allez devoir secouer avec un piquet pendant quatre ou cinq ans. »

L'amarrage par câble à un arbre voisin est plus difficile à mettre en œuvre. « C'est un travail de Romain, mais c'est du solide, estime Ghislain Bouvet. Quand vous installez le câble, veillez à protéger le tronc avec un tuyau d'arrosage par exemple pour ne pas blesser l'écorce. »

Lors de la formation, Rémy Mallein, conseiller forestier à la chambre d'agriculture de l'Isère, a rappelé les gestes et précautions à prendre au moment de la taille des arbres.Les arbres destinés à être relevés doivent être couronnés au sol.

En complément de ces préconisations techniques, le spécialiste a évoqué plusieurs pistes pour réduire l'impact des événements climatiques à venir. « Le climat a changé : à nous de nous adapter », a-t-il posé en préalable. Concernant la forme des arbres, Ghislain Bouvet invite les nuciculteurs à « retravailler le gobelet » de façon à limiter la prise au vent. Dans les secteurs très exposés au vent, il recommande de faire pousser les arbres plus lentement. Et, sans remettre en cause l'importance de l'irrigation, il conseille de la réduire en fin de cycle : « Il faut être au plus près d'une pluviométrie pour que l'arbre ne soit pas trop en situation de confort hydrique. Apporter un volume d'eau et le laisser descendre, ça permet à l'arbre de s'enraciner », a-t-il rappelé.

Autre point de vigilance : les « yeux à cou ». Leur suppression au moment de la taille de formation est certes longue et fastidieuse, mais elle permet d'éviter pas mal de casse à l'âge adulte. « Toute la force tient sur le bourrelet cicatriciel : si vous avez de la neige, ça casse », indique Ghislain Bouvet, avant de conclure : « Avec le changement climatique, ce qu'il faut se dire, c'est qu'on va avoir plus de boulot, plus de choses à penser, mais c'est comme ça qu'on va limiter les dégâts. »

Marianne Boilève

Pensez à blanchir les arbres avant les grosses chaleurs

Les noyers étant très photosensibles, il est recommandé de blanchir les arbres couronnés à l'aide d'une couche d'argile ou de talc avant les périodes de grosses chaleurs (juin) pour éviter que le soleil ne brûle l'écorce, surtout côté couchant. Cette recommandation vaut surtout pour les vergers présentant de larges trouées suite aux épisodes climatiques de 2019 et donc à l'arrachage d'un grand nombre d'arbres. Les techniciens se sont en effet aperçu que le soleil avait brûlé l'écorce de certains arbres, favorisant l'apparition de champignons.