Tourisme
A Grenoble, au salon Destination montagnes, les acteurs du secteur ont promu l’offre touristique des stations
Réunis à Grenoble le 28 janvier, lors de l’inauguration du salon Destination montagnes, les élus et les acteurs du tourisme de montagne ont fait état de leurs grandes ambitions économiques pour l’avenir du secteur.

Le timing était parfait. La neige tombée sur les sommets environnant Grenoble et un petit rayon de soleil sorti au moment de l’inauguration de la 34e édition du salon Destination montagnes, qui a eu lieu dans la capitale des Alpes, le 28 janvier, ont ravi les organisateurs et les élus présents. Car, incontestablement, la neige et le soleil font partie de la belle carte postale vendue aux participants de ce salon (1), qui retrouvent Grenoble après une délocalisation de plusieurs années à Chambéry.
Cet évènement rassemble ainsi toute la chaîne de valeur touristique, de l’offre à la commercialisation, en passant par la promotion.
Grâce à l’enneigement de ce début d’hiver, aux bons chiffres de fréquentation des domaines de ski alpin et nordique l’hiver dernier (2), aux tendances positives observées depuis le début de l’hiver, les acteurs de la montagne affichent devant Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, un large sourire. Ils font ainsi état d’« une réussite collective », à la faveur des partenariats noués entre les collectivités du territoire, France Montagne (3), et l’Etat.
La ministre évoque la capacité de résilience de la filière, l’une des plus durement touchée par la crise du covid, mais qui a su se remettre, ainsi que le soutien sans faille de l’Etat.
« Grâce à différents dispositifs et plans d’urgence, il ne les a jamais abandonnés. »
« Le ski n’est pas un gros mot »
Qu’il s’agisse des professionnels de la montagne ou des élus, tous partagent -et revendiquent- cette idée de « montagne vivante, habitée, et attractive, qui ne soit pas sous cloche ou saturée, mais qui propose des équipements pour tous, tant pour les sportifs que pour les familles ».
Ils parlent de l’activité touristique, en lien avec l’agriculture, le pastoralisme et la sylviculture. Tous évoquent l’expérience unique permise par la palette d’activités neige. Pour eux, le ski reste un modèle, une composante à part entière de l’offre montagne. « Le ski n’est pas un gros mot. Il fait vivre nos territoires. Il permet des milliers d’emplois », assure Jean-Luc Boch, président de France Montagnes et de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM).
« Il faut tordre le cou au ski-bashing, abonde Nathalie Delattre. Le ski restera une activité majeure dans les territoires de montagne pour encore de nombreuses années. Nos massifs français restent la première et la plus belle destination pour faire du ski et profitent de facilités de transport, d’hébergement et de magnifiques paysages non délocalisables. »
« L’activité des stations représente 8 000 emplois en Isère dont 1 500 directement liés à l’activité des remontées mécaniques », précise ainsi Nathalie Faure, vice-présidente du Département de l’Isère, déléguée à la montagne.
Soulignant que la « Région Auvergne-Rhône-Alpes était « la » grande région de la montagne, avec plus de 170 stations dans le territoire », son président Fabrice Pannekoucke spécifie qu’« elle compte 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires liés au tourisme, dont plus de 10 milliards proviennent uniquement de la montagne ». Ils assument tous qu’« on ne peut pas parler de montagne sans parler d’économie ».
Fabrice Pannekoucke assure également qu’« il n’y a pas de mot interdit et pas de dogmatisme. Si nous voulons avoir des territoires vivants, nous ne pouvons pas être dans des attitudes de rupture ». Le président de la Région et la vice-présidente du Département affichent ainsi leur ambition de profiter des infrastructures existantes, tels les aéroports, pour accueillir et attirer dans les stations une clientèle européenne et une plus lointaine des Etats-Unis.
« La montagne de demain »
Pour maintenir l’activité de la montagne -et les emplois qui en dépendent-, les collectivités investissent d’importants moyens. C’est le cas de la Région Aura, du Département de l’Isère, et des intercommunalités. Les élus prévoient bien de continuer en ce sens, pour peu, disent-ils, que leur budget ne soit pas trop contraint par l’Etat.
Les élus et les acteurs du tourisme de la montagne évoquent également d’une même voix les défis qui se présentent à eux. Pour Fabrice Pannekoucke, « l’enjeu est de rester très fort sur ce qui fait notre force aujourd’hui, et d’être agile pour nous préparer à d’autres activités, à d’autres saisons ».
Comme le soulignent Christophe Ferrari, le président de Grenoble-Alpes-Métropole, et Nathalie Faure, « que nous le voulions ou non, le dérèglement climatique nous oblige à réinventer, à imaginer la montagne de demain. Il faut s’adapter et aider à s’adapter. Mais pour cela, nous avons besoin du soutien de l’Etat et d’une mobilisation collective », disent-ils. « Il faut que la solidarité de la montagne soit complète. Les petites stations ont besoin des moyennes et des grandes », soutient Jean-Luc Boch.
Nathalie Delattre concède que « les atouts ne sont pas des acquis ». Evoquant la question climatique, elle estime que les professionnels de la montagne ont déjà intégré ce changement de cap dans leurs structures. Ils sont, selon elle, pleinement acteurs de la transition et à la pointe de l’innovation. Elle se dit encore « convaincue que les stations françaises peuvent montrer la voie, en mettant plus d’ambitions sur la saison été ».
« Justice sociale »
La ministre et les élus ont aussi défendu l’idée d’une montagne accessible et plus inclusive. Fabrice Pannekoucke cite notamment les jeunes et les personnes en situation de handicap. Nathalie Delattre et Christophe Ferrari, quant à eux, souhaitent que son accès ne soit pas réservé aux plus favorisés. « C’est un combat de justice sociale », affirment-t-ils.
Indiquant que « les catégories de ménages les moins aisées sont moins représentées dans le profil des séjournants et que le prix est le premier frein au fait d’envisager un séjour à la montagne en hiver pour un français sur deux », le dernier baromètre Montagne multi-saisons, réalisé par Atout France, révèle que la question mérite en effet un peu d’attention.
Isabelle Brenguier
(1) Destination Montagnes a rassemblé pour son édition 2025, 220 exposants, 426 tour-opérators, 54 pays.
(2) + 12 % liées aux remontées mécaniques, + 15 % au ski nordique
(3) France Montagnes est une association fédérant les principaux acteurs du tourisme de montagne en France dans l’objectif de promouvoir les montagnes françaises à l'échelle nationale et internationale tout au long de l’année

« Une offre plus familiale et quatre saisons »
Nicolas Massip, le directeur de l’Office de tourisme de Villard-de-Lans et de Corrençon-en-Vercors, a profité du salon Destination montagnes pour faire découvrir l’offre de sa station et de son massif.
Nicolas Massip, le directeur de l’Office de tourisme de Villard-de-Lans et de Corrençon-en-Vercors, est venu « en curieux » au salon Destination montagnes, organisé à Grenoble les 28 et 29 janvier. Il voulait savoir si ses a priori concernant les attentes des voyagistes internationaux et nationaux étaient fondés.
Comprendre, sont-ils toujours intéressés par des grands volumes de séjours vers des grandes stations, pour faire du ski le jour et la fête le soir ? S’il a pu constater que c’était bien le cas, il entend bien challenger leur proposition en mettant en avant la sienne, comprenant « une offre plus familiale et quatre saisons, assise sur un village, des habitants et un terroir. Avec aussi un domaine de ski alpin et 125 kilomètres de pistes, un domaine nordique, et des possibilités de pratiques d’autres activités telles que le biathlon et le VTT. D’autant que chez nous, quand il n’y a pas de neige, nous sommes en capacité de proposer autre chose », insiste-t-il.
Authenticité
Le responsable présente aussi le massif comme « le poumon vert des métropoles de Lyon, Grenoble, et Valence », puisque sa proximité avec ces villes permet à ses habitants de venir à la journée ou pour le week-end.
« Nous revendiquons cette proximité, assure-t-il. Ces clients sont aussi des consommateurs, qui apprécient notre territoire, riche de son authenticité et de nombreux éléments qui le rendent si singulier ».
Isabelle Brenguier
Les Jeux olympiques de 2030
Abordant l’organisation des Jeux olympiques qui se tiendront en Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur en 2030, Fabrice Pannekoucke, le président de la Région Aura, les désigne comme « les jeux de toute la montagne » et veut faire en sorte qu’« ils profitent à tous ». Il considère qu’« ils sont une chance pour les territoires et qu’ils permettront de faire vivre la montagne de demain ». Sur la question des enjeux en lien avec le changement climatique et la question du coût carbone de l’évènement, son ambition est « de faire aussi bien avec moins ».
Quant à la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre, elle estime que « dans cette perspective, il faut continuer d’investir sur les mobilités, l’accueil dans les stations et l’hébergement ». Mettant en avant le savoir-faire de la France en la matière, elle est convaincue que cet évènement permettra « un magnifique coup de projecteur pour les montagnes françaises ».
IB