« Pensez que lorsque vous manger votre baguette le matin, c'est parce que nous sommes passés avec nos engins pour moissonner le blé », reprend Martine Perrin, présidente de l'association Entrepreneurs des territoires Isère.

Réunis en assemblée générale vendredi 2 février dernier, les entrepreneurs des territoires ont fait part des difficultés qu'ils rencontrent régulièrement pour traverser les villes et villages ainsi que de leur satisfaction, après 17 années de combat, de signer la charte d'aménagement et de fonctionnement pour la circulation des engins agricoles.

« Le but est que tout le monde puisse circuler en sécurité et en bonne intelligence », appuie la présidente de l'association.

« Il s'agit de trouver des solutions, de donner des prescriptions aux maires pour réaliser des aménagements raisonnés, c'est-à-dire en gardant les éléments de sécurité tout en permettant la circulation des engins agricoles », résume Bernard Pérazio, vice-président du Département en charge des routes et des déplacements.

La charte n'est pas opposable, mais ses préconisations permettent « d'éviter les erreurs faites par le passé ». Elles concernent les rétrécissements, les bordures qui sont autant de points bloquants ou gênants pour les engins.

Diffusée aux services du département en charge des 4 700 km de routes départementales, elle sera aussi mise à disposition des maires et des aménageurs, l'Isère comptant plus de 10 000 km de routes communales.

« Cette charte est un modèle, a souligné Jean-Pierre Barbier, le président du Département. Plutôt convaincre que contraindre : c'est un texte équilibré, qui apporte satisfaction au plus grand nombre. »

Un représentant par territoire

C'est la première fois qu'un tel document est réalisé en France, fruit d'un an de travail en comité de pilotage et paraphé par les EDT, le Conseil départemental, la chambre d'agriculture, la FDCuma, l'Association des maires de l'Isère et l'Association des maires ruraux de l'Isère.

Martine Perrin espère que le document fera école dans les autres départements.

Elle rapporte combien ces questions d'aménagements peuvent être source de difficultés. « L'été, au moment où l'on passe dans les villages, on découvre de nouvelles situations et il faut appeler les maires de communes. On craint toujours que cela se passe mal car ce sont des périodes de tension pour les EDT. » C'est la raison pour laquelle un représentant des entrepreneurs a été désigné dans chacun des territoires pour faciliter le dialogue.
Parmi les dossiers sur le grill, la présidente de EDT Isère a fait part des préoccupations de la profession au sujet de la loi de finances pour 2018 qui double les seuils aux exploitants agricoles*. « C'est la mort de nos entreprises », plaide la présidente qui prône le fait que les EDT sont « très bien placées pour diminuer le coût de la mécanisation dans les exploitations. »

Enfin, sur le volet social, la présidente a annoncé la validation d'une nouvelle grille de salaires applicable dès le 1er février. Il y a 384 EDT en Isère, dont 145 emploient de la main-d'œuvre soit 256 équivalent temps pleins dans les secteurs agricole, rural et forestier.

Isabelle Doucet

*L'article 24 modifie le seuil des produits des activités accessoires relevant du BIC ou du BNC réalisés par un exploitant agricole soumis au régime réel d'imposition et qui peuvent être pris en compte pour la détermination du bénéfice agricole.

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