Pôle agro-alimentaire
Rapprocher produits locaux et grande distribution

Morgane Poulet
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Le 10 octobre, à l’occasion du Salon dauphinois, le Pôle agro-alimentaire a accueilli ses distributeurs et ses producteurs adhérents lors d’un moment de convivialité.

Rapprocher produits locaux et grande distribution
Le Pôle agro-alimentaire souhaite continuer ses démarches pour rapprocher les distributeurs et les producteurs.

Créé en 2018, le Pôle agro-alimentaire de l’Isère rassemble aujourd’hui 170 producteurs adhérents et 1230 produits agréés par la marque Ishere, comme des fruits, des légumes, du lait, des sirops ou encore de la bière. Ces derniers doivent impérativement être HVE 3 ou bio et locaux.
Comme le précise son président, Pascal Denolly, le Pôle agro-alimentaire est une « interface commerciale » dont l’objectif est de « rapprocher les grandes et moyennes surfaces (GMS) des producteurs ». En 2022, le chiffre d’affaires du Pôle est d’un million d’euros et la volonté de ses responsables est qu’il soit doublé en 2023.
La présence du Pôle agro-alimentaire au Salon dauphinois, qui s’est tenu du 9 au 11 octobre à Grenoble, a permis à la structure de faire se rencontrer producteurs et distributeurs pour renforcer, mais aussi pour créer des liens entre eux.
 
Supprimer les barrières
 
Pour Laurent Rossi, directeur d’Intermarché Foch, à Grenoble, faire partie du Pôle agro-alimentaire relevait du « bon sens ». Directeur du magasin depuis 22 ans et adhérent à l’interface depuis deux ans, il explique avoir toujours « travaillé avec des produits locaux », conscient de la nécessité à les mettre en avant pour faire vivre l’économie locale et pour permettre aux clients d’avoir accès à une alimentation de la qualité.
Pour lui, comme pour les adhérents au Pôle agro-alimentaire, il est important de « casser les barrières » entre les grandes et moyennes surfaces, qui ont le rôle de « méchant », et les producteurs locaux, qui travaillent dans de petits circuits de commercialisation.
« Le bon sens fait ensuite le reste », car l’avenir des GMS et des produits locaux est pour Laurent Rossi « lié, d’autant plus que les clients sont attentifs aux produits du territoire que nous leur proposons ».
 
Proximité
 
L’avantage de travailler avec les GMS est, pour Laurent Rossi, « la taille du magasin », qui permet une certaine proximité avec le client. « Cela joue beaucoup dans les relations avec les clients », mais permet aussi de mettre en avant plus facilement les produits locaux. Car « lorsque l’on a un bon produit, on a envie de le présenter à un maximum de personnes et il trouve donc tout naturellement sa place dans les rayons de supermarché de proximité », précise-t-il.
Pour les producteurs d’Albinche, une marque de bière iséroise agréée par la marque Ishere, la proximité est un élément essentiel pour optimiser les ventes. C’est d’ailleurs pour cela que la société propose des étiquettes personnalisables, à l’intention des événements privés comme des manifestations professionnelles. « Nous pouvons même mettre le logo de l’entreprise sur l’étiquette », explique Mickaël Bachimont, fondateur d’Albinche.
« Nous ne sommes pas fermé à la grande distribution, ajoute-t-il, mais un producteur peut être freiné à l’idée de fournir ce genre de commerce car le client peut avoir du mal à jauger le produit. » C’est pourquoi l’entreprise a plutôt tendance à s’orienter vers des épiceries fines ou encore des caves, « là où nous savons que les vendeurs pourront conseiller les clients ».

Morgane Poulet

Différentes valeurs

Pour s’adresser aux bons clients, lors de la commercialisation d’un produit, il faut avoir conscience de différentes valeurs que le client lui accorde.
« Lorsque l’on achète simplement un produit pour ce qu’il est, on parle de valeur perçue », explique Geoffrey Lafosse, directeur du Pôle agro-alimentaire lors du Salon de l’agriculture et de l’alimentation de Matheysine.
« Mais dès que l’on achète un produit auquel on accorde une valeur de signe, nous nous sentons valorisé socialement. Il ne faut pas la minimiser. Par exemple, acheter un aliment provenant d’un petit producteur est très valorisant », ajoute-t-il.
La valeur d’usage correspond quant à elle à « ce que nous apporte le produit en plus » et, la valeur hédonique, quant à elle, attribue une valeur de plaisir supplémentaire à un produit car elle est associée à une marque, à un nom qui symbolisent un produit. Souvent, une valeur hédonique ainsi qu’une valeur de signe sont associées à un produit fermier, local, ce qui renforce son attractivité.
Il faut ainsi se demander si la valeur d’un produit est supérieure au coût pour fixer un prix, conseille le directeur du Pôle agro-alimentaire, d’autant plus que « les clients viennent aussi acheter du lien, dans un commerce de proximité, pas seulement un produit ».

MP