Organisation
Un avenir pour les lentilles iséroises

Isabelle Brenguier
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Une filière de légumineuses pourrait être créée en Isère si producteurs, transformateurs, distributeurs et utilisateurs travaillaient ensemble. Des rencontres ont été effectuées pour la lancer.

Un avenir pour les lentilles iséroises
Des producteurs de légumineuses isérois se sont réunis pour réfléchir sur l'intérêt de structurer une filière.

Les légumes secs sont à la mode. « En Isère, nous avons une production, nous sommes aussi régulièrement sollicités pour de nouveaux projets, et nous savons également qu’il y a une demande de la restauration hors domicile. Pour autant, il n’y a pas de filière structurée », énonce Olwen Thibaud, technicienne à la Chambre d’agriculture de l’Isère.
C’était donc pour faire le point avec les agriculteurs déjà producteurs de légumineuses ou en réflexion sur l’opportunité de s’engager, que la Chambre d’agriculture de l’Isère et l’Adabio (1) ont organisé une rencontre fin août chez Estelle et Julien Maras, producteurs et propriétaires d’un atelier de triage (2) à Serpaize. 

39 exploitations

Les participants à la rencontre ont vite réalisé l’intérêt qu’il y aurait à développer une filière de légumineuses, qui irait d’une production locale à une commercialisation aux sociétés coopératives d’intérêt collectif Mangez bio Isère et AB Épluche, entre autres conserveries et légumeries iséroises.
Cela permettrait un approvisionnement plus local aux cantines scolaires, qui aurait d’autant plus de sens avec l’obligation que donne la loi Egalim aux restaurants scolaires d’avoir 50 % de produits labelisés ou certifiés dont 20 % de produits bio, dans leurs menus.
Mais entre les volontés politiques et les réalités d’achat et de consommation, il y a parfois un décalage. « Il y a des changements d’image à opérer sur ces produits. Il faut donner davantage envie de les cuisiner, proposer de nouvelles recettes, dissocier l’idée de mettre des légumes secs en remplacement de la viande, équiper les cuisiniers des outils nécessaires pour les préparer », sont autant de réflexions énoncées par les producteurs, qui ont envie de se lancer, mais qui ne savent pas très bien comment trouver des débouchés.
Composée principalement de lentilles et de pois chiches, la production iséroise s’est bien étoffée depuis 2018. Car aujourd’hui, le département compte 39 exploitations productrices.
Producteur de lentilles commercialisées à Mangez bio Isère, Alexis Julien se montre en accord avec cette idée de structuration.
« Nous avons une production, des outils, une légumerie et des consommateurs. Il faut « juste » aligner les planètes pour que cela fonctionne ».

1 800 tonnes par an

Une première rencontre réalisée avec différents acteurs en juin dernier avait permis d’identifier quelques freins ressentis par les acheteurs.
Des difficultés à dégager du temps pour prospecter et trouver de nouveaux producteurs qui proposent une diversité de produits suffisante, des besoins trop faibles, en faisaient partie.
Sur la base d’une consommation française de légumes secs de l’ordre de 1,42 kg/hab/an, les besoins en Isère ont été estimés à 1 800 tonnes par an.
Si on compare cette consommation à celle d’un espagnol (de l’ordre de 7 kg/hab/an), le potentiel de développement se révèle encore plus important.
La structuration d’une telle filière avec une mise en relation de ses différents acteurs ne fait donc que débuter.
Mais elle ne se fera que si d’une part, les producteurs obtiennent une meilleure régularité de leurs rendements (ce qui implique davantage de recherche variétale) et si d’autre part, les tarifs d’achat sont au rendez-vous.
Dans l’attente, un petit groupe de producteurs devraient être créé pour échanger sur les besoins des acheteurs et garantir les réponses.

Isabelle Brenguier

(1)   Association pour le développement de l'agriculture biologique.

(2)   L’atelier de triage de Julien et Estelle Maras est composé d’un séparateur, d’une table densimétrique, d’un trieur optique.

 

 

Pois chiches au chocolat
Sandrine Giloz et son mari Jean-François Gourdain, installés à Saint-Siméon-de-Bressieux, ont créé un nouvel atelier de légumineuses.
Innovation

Pois chiches au chocolat

Bien que déjà diversifiés, Sandrine Giloz et Jean-François Gourdain, agriculteurs à Saint-Siméon-de-Bressieux, ont encore étendu leur gamme avec la création d’un atelier de légumineuses. 

Ils avaient déjà de multiples cordes à leur arc, en l’occurrence plusieurs productions au sein de leur exploitation. Entre les cultures de céréales, leur atelier de fabrication de pain, leur élevage de brebis, et leurs différents points de vente directe, Sandrine Giloz et Jean-François Gourdain, exploitants au sein de la Bergerie des Templiers à Saint-Siméon-de-Bressieux, n’avaient pas le temps de s’ennuyer.

Mais en 2018, ils sont allés plus loin dans la diversification de leur exploitation et se sont lancés dans la production de légumineuses. Petit à petit, ils ont étoffé leur gamme pour parvenir cette année à un assolement de 7 hectares de pois chiches, 3,5 hectares de lentilles et 2,5 hectares de haricots secs.

« Nous commercialisons notre production en vente directe et en RHD (Restauration hors domicile) avec Mangez Bio Isère et AB Épluche », explique Sandrine Giloz, qui estime qu’« en vente directe, il s’agit de cultures intéressantes financièrement ». Il le faut car ces productions, très sensibles au climat, ont des rendements aléatoires.

« Si nous avons réalisé une belle récolte cette année, nous avons tout broyé il y a deux ans », précise l’agricultrice. Et pour avoir une offre plus attractive dans les magasins, le couple fait transformer une partie de sa production en différents produits tels des pois chiches enrobés de chocolat. « C’est un produit nouveau, qu’il faut faire découvrir et déguster, mais qui plaît », assure ainsi Sandrine Giloz.

IB