Culture
Le Voironnais à +2°C

Morgane Poulet
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Le Pays voironnais et le Parc naturel régional de Chartreuse se sont associés pour créer une exposition sur le changement climatique local, présentée à Voiron le 20 novembre.

Le Voironnais à +2°C
Visible jusqu'au 4 décembre, l'exposition compare des photos actuelles du Voironnais à des créations portant sur ce que pourrait devenir le territoire à l'avenir.

« Les images véhiculées quant au changement climatique sont souvent bien loin de notre quotidien », ont constaté les visiteurs de l’exposition « Paysages à + 2 °C » au musée Manssieux, à Voiron, lors de son vernissage le 20 novembre.
Afin que les habitants du voironnais se rendent mieux compte des impacts du changement climatique, la Communauté de communes du pays voironnais et le Parc naturel régional de Chartreuse se sont associés et ont travaillé avec diverses structures pour mettre au point une exposition sur ses conséquences locales. Visible jusqu’au 4 décembre, « Paysages à + 2 °C », composé de six toiles, met en scène des lieux emblématiques du territoire aux alentours de 2050.
 
Moins de ressource en eau
 
Le lac de Paladru, lieu touristique emblématique du territoire, a servi d’exemple pour montrer les difficultés que le Pays voironnais pourrait connaître quant à l’accès à l’eau. La baisse du niveau du lac a été représentée par l’agrandissement des plages, toujours bien remplies de personnes venues se rafraîchir. Mais cette augmentation des zones de plage pourrait multiplier les risques liés à la prolifération des bactéries, ceux liés à la sécurité et à l’accès des secours.
Les pieux du site archéologique ont été rendus visibles pour témoigner de l’assèchement du lac et la végétation apparaît brulée à certains endroits. Sans pour autant qu’il y ait eu de projection scientifique quant à un pourcentage de baisse du niveau de l’eau, les éléments qui figurent sur la toile sont censés être plausibles.
 
Changement d'essences
 
Du côté des forêts, dont 90 % sont privées dans le Pays voironnais, la Grande Sure a été représentée au milieu d’un environnement empreint de panneaux solaires et de réserves d’eau. Le massif s’érode et la neige brille par son absence.
Mais, surtout, les épicéas dépérissent, les feuillus réduisent en nombre pour faire place aux pins parasol, les feuillus deviennent tout de même plus nombreux que les sapins, pourtant très présents en Chartreuse, et la totalité des arbres roussit en raison de la sécheresse. Il est aussi possible de constater l’apparition de routes pour l’accès des pompiers à la montagne.
 
Mutations urbaines
 
La façon de vivre en ville et à la campagne a aussi été représentée, montrant ce à quoi pourrait ressembler Voiron et Entre-deux-Guiers. Températures excessivement chaudes, feux de forêt, panneaux photovoltaïques sur les toitures ou encore ombrière au-dessus de la voie ferrée de Voiron, haies végétales pour réduire la chaleur : de nombreux éléments ont été intégrés.
Les voitures individuelles laissent par exemple place aux transports en commun.
 
Adaptations agricoles
 
La filière agricole, importante en Chartreuse, a été représentée par la plaine de Moirans et par une vue sur Saint-Pierre-d’Entremont. En ce qui concerne la première, la projection à 2050 tente de retrouver les équilibres de la biodiversité. Des cultures de légumineuses apparaissent, à la fois pour la consommation des animaux et celle des hommes, de même que des systèmes de protection pour protéger les cultures des éléments climatiques, comme la grêle ou encore les vents violents. Une unité de méthanisation fait également son apparition dans la plaine. Mais, surtout, les haies font un retour marqué entre les champs, ce qui permet de protéger les cultures et de renforcer la biodiversité des espaces agricoles. Les projections prévoient ainsi le développement de l’agroforesterie.
A Saint-Pierre-d’Entremont, commune connue pour ses élevages bovins et sa fraîcheur, les projections intègrent des modèles agricoles différents. En effet, les bovins sont remplacés par les ovins car il devient plus difficile de produire des ressources fourragères. « Et si la coopérative présente dans la commune ne parvient pas à maintenir son activité, la disparition des troupeaux de bovins pourrait être accélérée », constate Jean-Paul Sauzet, conseiller à la Chambre d'agriculture de l'Isère.

Morgane Poulet

Entre beauté et espoir


Juliette Villard, au centre, explique son travail aux visiteurs de l'exposition.

« Je pense qu’il est important d’apporter une dose d’art au réel car l’art permet d’avoir une réflexion sans imposer d’idée », explique Juliette Villard, l’artiste-peintre et designer graphique à l’origine des tableaux.
Afin de « ne pas plomber le spectateur » et au contraire lui donner de l’espoir, elle a souhaité utiliser une palette chromatique séduisante. Les couleurs utilisées sont en effet chaudes et tendent vers le rose orangé.
A son sens, il faut « se battre pour préserver le paysage », d’où le recours à cette palette, qui « augmente la beauté du paysage » grâce aux retouches apportées.

MP