Élevage ovin
Un éleveur engagé au service du Label rouge Agneau de l'Adret

Isabelle Brenguier
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Éleveur de brebis à Tullins âgé de 45 ans, Éric Greffe-Fonteymond vient d’être élu président de l’association de promotion de l’Agneau de l’Adret. Rencontre. 

Un éleveur engagé au service du Label rouge Agneau de l'Adret
Éleveur à Tullins, Éric Greffe-Fonteymond est le nouveau président de l'association Agneau de l'Adret.

Depuis que vous êtes installé, vous vous êtes investis dans plusieurs OPA (Organisations professionnelles agricoles). Dans quelles instances vous êtes-vous enrôlé ?

« J’ai commencé à m’engager quand je me suis installé, au moment où avec d’autres jeunes agriculteurs du canton de Tullins-Vinay, nous avons voulu recréer un syndicat local. J’ai enchaîné avec d’autres responsabilités au niveau départemental, puis régional. C’était très intéressant, car cela permet de découvrir d’autres productions et d’avoir d’autres visions de l’agriculture que celles que nous apporte uniquement notre exploitation.

Dans le même temps, je me suis investi au sein de la Coopérative Die-Grillon. En tant que syndicaliste, j’ai eu l’opportunité de défendre l’élevage ovin à une époque où les cours étaient particulièrement bas. Cela aussi, c’était enrichissant, parce que j’ai pu appréhender la filière de manière plus globale.

Et je me suis aussi engagé dans le réseau Cuma (Coopérative d’utilisation de matériel en commun) avec la Cuma du Pays de Tullins. Puis au niveau départemental quand je suis devenu le président de la Fédération départementale, de 2018 à 2021 ».

Pourquoi les avoir choisi ? Que vous ont-elles apportées ?

« Incontestablement, le réseau JA m’a formé. Par la suite, j’aurai pu rester dans le syndicalisme. Mais j’ai eu envie de me diriger vers des organismes qui disposaient davantage de marges de manœuvre sur les prix, qui n’ont pas le seul rôle de revendication. Certes, au niveau des coopératives, on n’a pas forcément exactement ce qu’on voudrait. Mais on peut agir pour s’en approcher. Quand on intègre ainsi l’aval de la filière, on peut mieux comprendre les prix pratiqués, aller directement revendiquer de meilleurs tarifs, et mieux se rendre compte aussi pourquoi on ne peut pas aller chercher plus. On connaît le marché, on a les chiffres ».

Aujourd’hui, vous êtes le nouveau président de l’association Agneau de l’Adret. Quel est son rôle ?

« L’association rassemble et fédère l’ensemble des acteurs de la filière Label rouge depuis la production jusqu’à la commercialisation. C’est un ODG (Organisme de défense et de gestion) qui a pour objectif de faire respecter le cahier des charges de la certification, de l’élevage à l’abattage, de l’éleveur au boucher, et de veiller à ce que tout le monde aille dans le même sens. Il a également pour but la promotion de ce label haut de gamme ».

Quel est l’intérêt pour les éleveurs d’adhérer à Agneau de l’Adret ?

« Depuis les années 1990 avec la libéralisation de son marché et l’arrivée des agneaux néo-zélandais dans le territoire, l’élevage ovin français a connu de grandes difficultés. Il a tenu, mais au prix de très nombreuses cessations d’activités. Pour rester, nous avons dû améliorer la qualité de nos bêtes, leur conformation, de façon à nous démarquer des viandes d’import. C’est comme cela que le Label rouge a été créé, dans le but de maintenir le prix des agneaux. Ce fut une démarche globale des éleveurs, des opérateurs et de la grande distribution qui a joué le jeu. Les années ont passé mais l’intérêt des éleveurs restent le même aujourd’hui. Je suis convaincu qu’il faut continuer de s’engager dans ces filières de qualité reconnues par les consommateurs ».

Quels sont aujourd’hui les enjeux de l’association ?

« L’inflation que nous subissons après la crise liée au Covid, nous a fait perdre 18 % de nos ventes en deux ans. C’est plus compliqué de vendre de la viande ovine Label rouge que de la viande ovine standard ou d’autres moins onéreuses. L’enjeu est donc de poursuivre notre travail de communication sur la consommation de la viande ovine et d’essayer d’aller chercher une clientèle plus jeune ».

Quels sont vos atouts ?

« Nous avons la chance de profiter d’un fort ancrage territorial. Et nos animaux sont élevés dans des exploitations à taille humaine, dans lesquelles il y a plusieurs productions. Il ne s’agit pas d’élevage industriel. Derrière la viande ovine Label rouge Agneau de l’Adret, il y a certes un produit, mais aussi des hommes et des territoires entretenus ».

Propos recueillis par Isabelle Brenguier

Conduite d’exploitation

Système durable

La conduite de ferme d’Éric Greffe-Fonteymond repose sur la synergie entre le monde végétal et le monde animal. Explications. 

Installé à Tullins, dans le sud-Grésivaudan, depuis 1999, Éric Greffe-Fonteymond, possède aujourd’hui un troupeau de 400 brebis de races grivette et mouton vendéen, et exploite 65 hectares d’herbe, 30 de cultures et un de noyers.

Convaincu par l’intérêt du travail en Cuma, 70 % du matériel qu’il utilise appartient à celle du Pays de Tullins. Également initié depuis plus de dix ans aux techniques agro-écologiques, il a intégré les groupes Isère Sols Vivants et « 30 000 ».

« Il y a des synergies entre les productions. L’animal a besoin du végétal et le végétal a besoin de l’animal », affirme-t-il. « Je considère que l’élevage est un très bon outil pour maintenir et même améliorer la qualité de nos sols. Grâce à la mise en place de rotations, l’implantation de cultures intermédiaires, on auto-consomme, on gagne en autonomie et on fait diminuer le bilan carbone de l’exploitation. C’est tout un ensemble qui fait que la ferme est dans un système durable », assure-t-il encore.

Connaissances en élevage

D’abord titulaire d’un diplôme de mécanique agricole, Éric Greffe-Fonteymond a ensuite suivi un Bac Pro CGEA (Conduite et gestions des exploitations agricoles) pour compléter ses connaissances en élevage.

S’il était d’abord associé en Gaec avec son père quand il s’est installé en 1999, il est seul au sein de l’EARL de la Pique depuis que ce dernier a pris sa retraite il y a dix ans. C’est à ce moment qu’il a dû diminuer le troupeau familial (alors constitué de 700 bêtes) et se séparer de 20 hectares de prairies situées à Malleval-en-Vercors, territoire soumis à une très forte prédation.

IB