Irrigation
Economiser l'eau, sécuriser la ressource

Environ 160 irrigants étaient réunis à Brézins lors de l'assemblée générale de l'ADI. Il a été question de grands chantiers et de sécurisation de la ressource en eau. Les nouveaux dossier de projets d'irrigation sont à déposer avant le 31 mars.
Economiser l'eau, sécuriser la ressource

« Il y a un stock de 32 millions d'euros d'investissements pour l'irrigation, a indiqué Jean-Pierre Barbier, le président du Département, lors de l'assemblée générale des irrigants de l'Isère, début février à Brézins. Nous ne pourrons pas tout faire en un an. »

Il préconise de phaser les chantiers, qu'il s'agisse d'extension ou de rénovation de réseau, afin que les grands projets ne consomment pas toutes les enveloppes. Le Département de l'Isère, qui consacre 700 000 euros par an à l'irrigation, travaille de concert avec la Région dans le cadre du PDR(1).

Yannick Neuder, vice-président de la Région également présent lors de cette réunion qui a mobilisé 160 agriculteurs sur presque 1 400 adhérents, a expliqué qu'Auvergne-Rhône-Alpes investit 10 millions d'euros pour l'irrigation, dont 56% du budget est consommé par l'Isère et la Drôme.

Les responsables politiques comme les irrigants ont regretté le désengagement de l'Agence de l'eau qui pénalise les projets portés par les collectivités et les agriculteurs.

Sécuriser la ressource

C'est au cours de cette assemblée générale que Franck Doucet, président de l'ADI depuis sa création il y a neuf ans, a annoncé qu'il passait la main.

Son successeur sera Nathan Gomes, un jeune irrigant du Nord-Isère, qui a présenté les perspectives pour 2020. « Le point essentiel de la décennie est la sécurisation des ressources », a-t-il assuré.

 

Jonathan Gomes sera le nouveau président de l'ADI38.

 

L'ADI poursuivra son travail d'accompagnement des irrigants et portera une attention particulière à sa communication envers le grand-public. Elle sera notamment présente à la foire de Beaucroissant.

Dans les actions à venir, Nathan Gomes a annoncé la poursuite de la diffusion du bulletin d'avertissement en partenariat avec la chambre d'agriculture et des essais techniques, la tenue d'une réflexion avec les pisciculteurs de la Bièvre ou encore l'accompagnement des nouveaux réseaux dans le but de supprimer les petits prélèvements et de sécuriser la ressource.

Le seuil bas

La question de la sécheresse a été largement abordée. La saison 2019 s'est révélée contrastée avec un début d'été très chaud puis des précipitations en août. Les cultures ont surtout souffert de la chaleur qui favorise l'évapotranspiration.

Le département a été placé très tôt en alerte sécheresse, en avril 2019. La situation a été tendue dans le secteur de Quatre vallées dépendant à 80% de l'irrigation pour les besoins de l'élevage.

La mise en place des mesures de restriction par la préfecture au mois de juillet a tenu compte des demandes des irrigants. Elles ont été levées en novembre dernier.

Cette année, la consommation d'eau réelle pour l'irrigation s'établit à 46 millions de m3 (pour 65 millions de m3 attribués), ce que tout le monde s'accorde à considérer comme le seuil bas en dessous duquel les exploitations perdent en rentabilité. La ressource vient pour moitié des eaux superficielles et moitié souterraines. Les réseaux collectifs représentent 57% de la consommation.

Pour l'année 2019, il n'y a eu que 71 dépassements pour 1 181 attributions, ce qui atteste du sérieux des irrigants isérois.

Clémentine Bligny, responsable du service environnement de la DDT de l'Isère, a rappelé qu'il y avait eu 170 dépassements en 2018 qui avaient fait l'objet d'un rappel à la règlementation. Il en sera de même pour ceux qui ont dépassé pour la première fois en 2019. Les récidivistes, soit une vingtaine de cas, s'exposent à une verbalisation. « Nous cherchons des solutions en parallèle, mais nous devons réagir aux dépassements », a commenté l'agent de l'Etat.

Régionalisation

Autre point d'inquiétude, la régionalisation de l'arrêté sécheresse semble difficilement applicable aux gros réseaux collectifs. Ces irrigants demandent plutôt une restriction sur le débit instantané que l'arrêt des pompes.

Ils demandent également une révision de la clé de répartition « qui n'est plus adaptée ».

Ces points seront étudiés dans le cadre de la prochaine CDE (elle était prévue au mois d'avril 2020). « Pour l'administration, les résultats comptent plus que les moyens », a rassuré Clémentine Bligny.

Le prochain arrêté devrait prendre en compte ces demandes. Le cadrage régional a pour but d'harmoniser les restrictions en cas de crise dans une logique de bassin versant dont relève un préfet coordonnateur. Il sera effectif en 2021.

Isabelle Doucet

(1) Progamme de développement rural

 

Aménagement / Deux projets structurants sortiront de terre dans le Sud-Grésivaudan et en Isère rhodanienne.

Les grands projets d'irrigation en Isère

Audrey Tabone, technicienne à la chambre d'agriculture mise à la disposition de l'ADI, rappelle que le PDR 2014-2020 représente en Isère 73 dossiers d'irrigation pour 52 millions d'euros d'investissement subventionnés à hauteur de 35 millions d'euros. Les dossiers individuels ne représentent que 2 millions d'euros.
En 2019, deux gros projets sont sur les rampes pour un montant de 30 millions d'euros, dont 25 millions d'euros de subventions.
Le premier projet, porté par l'ASA du Sud-Grésivaudan concerne 240 agriculteurs, 2 000 parcelles, un périmètre d'irrigation de 2 à 3 000 hectares et neuf communes.
« C'est un projet d'avenir, nous y croyons, déclare Jean-Pierre Martin, le nouveau président de l'association. Le but est de supprimer les prélèvements sur le territoire pour puiser dans l'Isère que tous les irrigants du territoire soient associés au projet. »
Jean-Pierre Martin, le nouveau président de lASA Sud-Grésivaudan.

Il souligne la complexité de la mise en œuvre du dossier, les compétences techniques mobilisées, les trois ans de réunions pour aboutir à la fusion de deux réseaux et à la création d'une nouvelle ASA. « C'est une lourde charge pour les bénévoles », décrit le président qui fait valoir « l'accompagnement de la DDT et de l'administration ».
Mesures de compensation
L'autre grand projet est celui de l'ASA du plateau de Louze. Ce chantier permettra l'extension sur 900 ha supplémentaires d'un réseau déjà existant de 700 ha. Le prélèvement aura lieu dans le Rhône.
« Cela permettra de développer des cultures comme le maraîchage, des céréales bio ou une production fourragère dans des territoires jusqu'alors non irrigués », précise le président.
Dix communes sont intégrées dans le périmètre d'irrigation, de Chonas-sur-Varèze à Reventin-Vaugris. Le projet entre dans le cadre des compensations agricoles liées au réaménagement de l'échangeur autoroutier de Vienne.
Depuis trois ans, ces dossiers sont accompapnés par l'ADI. Il y aura d'ailleurs un comité de sélection en juin 2020. Les nouveaux dossiers sont à déposer avant le 31 mars.