Visite ministérielle
Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, en visite à Chatte en Isère

Le nouveau ministre de l'Agriculture, le drômois Didier Guillaume a effectué son premier déplacement dans la Drôme et en Isère où il a visité la MFR de Chatte et la station expérimentale Senura.
Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, en visite à Chatte en Isère

Un ami, un voisin, un ministre, c'est un peu les trois à la fois qu'accueillait André Roux, maire de Chatte et directeur de la MFR à l'occasion, vendredi après-midi, de la première visite de Didier Guillaume en tant que ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, nommé mardi dernier.

Le Drômois, ex-maire de Bourg-de-Péage, à un jet de noix de Chatte, a souhaité placer sa mission sous le signe de la promotion de l'enseignement agricole et de l'agroécologie, reprenant un thème fort défendu par l'avant-dernier ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

 

Daniel Guillaume avec les élèves de la MFR de Chatte et du LETP Bellevue de Saint-Marcellin.

 

Vendredi, il a débuté son déplacement par le lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, avant de passer l'après-midi à la MFR de Chatte, puis à la station expérimentale de la Senura, voisine de la maison familiale.

Transition écologique

Difficile pour le ministre, trois jours après sa nomination, de se lancer dans des annonces remarquables, mais il a fixé ses trois priorités en matière d'enseignement.

C'est d'abord « le droit et le devoir de former plus de jeunes », soulignant des secteurs « où il y a du travail : les métiers de l'agriculture, de la recherche, des services etc. »

Il a ensuite insisté sur la participation de la formation à la transition agroécologique « pour répondre à une demande sociétale ainsi qu'à une volonté de toute la profession agricole ». Interpelé dès sa prise de fonction sur la question du glyphosate, il a rappelé la volonté du gouvernement d'en sortir d'ici 2020. « Il faut l'assumer, a-t-il ajouté en promettant de « l'aide aux filières où il y a des difficultés ».

La troisième priorité concerne l'adaptation des établissements d'enseignement agricole, publics ou privés, aux besoin de leur territoire.

Lors de ses échanges avec les responsables d'établissements, il s'est voulu rassurant quant à la réforme de l'apprentissage. « Vous allez avoir encore plus de possibilités », a-t-il assuré. Ainsi, un plan national 2018-2019, à l'intention de toutes les familles d'enseignement agricole, prévoit une augmentation du budget de 5 millions d'euros par an pour l'enseignement privé et 2 millions d'euros pour les MFR.

Compétitivité

La rencontre avec les professionnels s'est voulue un temps d'écoute. Jérôme Crozat, le président de la FDSEA Isère, a attiré l'attention du ministre sur le sujet du TODE.

La prochaine loi de finances prévoit un abaissement de charges de 425 millions d'euros pour l'ensemble du secteur agricole, et le responsable syndical en appelle à la vigilance, pour que soient privilégiées des filières en manque de compétitivité en raison de leurs forts besoins en main-d'oeuvre comme les filières fruits, les semences, la viticulure et les pépinières, qui pèsent pour 15% dans l'économie départementale.

 

Jérôme Crozat (à g.), président de la FDSEA Isère, a rencontré le nouveau ministre de l'Agriculture.

 

Il a également fait part des difficultés liées à la sècheresse et aux calamités agricoles, pointant une nécessaire réforme des barèmes de calcul de calamités, notamment pour les pertes de fourrages.

Tirs de défense

Il a enfin salué la décision du préfet de région de poursuivre les tirs de défense à hauteur de 8 loups supplémentaires, portant à 51 l'effectif total de loups pouvant être abattus durant cette campagne. La FNSEA n'a eu de cesse de réclamer le « zéro attaque » dans un climat demeuré très meurtrier avec près de 10 000 victimes cette année.

La Coordination rurale est revenue sur les difficultés liées à l'arrêt annoncé du glyphosate et le risque de « concurrence déloyale » avec des produits d'importation non exempts de cet herbicide.

« Je serai un défenseur inlassable des efforts de l'agriculture française », a promis le nouveau ministre de l'Agriculture et de l'Alimenation.

Isabelle Doucet
Noix / La station de recherche Sénura a vu ses budgets d'Etat se réduire comme peau de chargrin alors que l'injonction sociétale de réduction des intrants n'a jamais été aussi forte.

Qui paye la recherche  ?

A l'heure où la pression sociétale est à son paroxysme concernant les traitements agricoles avec un point de crispation autour du glyphosate, le nouveau ministre de l'Agriculture est justement venu visiter la station expérimentale Senura à Chatte où, depuis plus de 20 ans, on décortique les noix pour en mieux connaître leurs maladies et leurs agresseurs.
Portée par les agriculteurs, la station réalise une quarantaine d'essais chaque année et fait notamment porter ses recherches sur le colletotrichum, le champignon devenu l'ennemi public n°1 de la noix, causant jusqu'à 70% de dégâts sur une même parcelle.
Co-président de la Senura, Jean-Claude Darlet, par ailleurs nuciculteur et président de la chambre d'agriculture de l'Isère, a insisté sur les besoins de fonds de telles stations.
A la station expérimentale Senura : des crédits pour la recherche.
En l'espace de 10 ans, « Les fonds FranceAgriMer sont passé de 50% à 5% du budget de la station », a-t-il indiqué, le budget de la Senura passant de 600 000 à 850 000 euros.
Les collectivités ont pris le relais, mais les professionnels dénoncent l'injonction de solutions et l'absence de moyens, notamment dans les petites filières dont se désintéressent les majors de l'industrie agrochimique dans leurs recherches appliquées de solutions alternatives.
Didier Guillaume a souligné combien « la recherche est indispensable pour le pays, la souveraineté alimentaire, la compétitivité passent par là ».
Le ministre a donné rendez-vous aux représentants du monde agricole et aux élus présents pour cette première visite, en septembre 2019 pour le prochain salon Tech&Bio dans la Drôme et la 800e Beaucroissant en Isère.
ID